Y a t’il suffisamment de besoins futurs en Europe pour deux chasseurs de sixième génération: les consortiums UK-italo-suédois Tempest et franco-allemand-espagnol FCAS? C’est une véritable question stratégique notamment pour le financement et le développement technologiques de tels projets.
Bien qu’il y ait eu des appels à fusionner les deux propositions, il est très peu probable que cela se produise car les systèmes semblent s’adresser à deux marchés différents. Le Tempest, dirigé par le Royaume-Uni, ressemble plutôt au Hawker Hunter ou au General Dynamics F-16, un «chasseur à bas prix» – ce que le Lockheed Martin F-35 aurait dû être. La différence est que les pays seront en mesure de spécifier ce qu’ils veulent dans le combattant sans être trop dépendants du pays chef de file.
Je vois le système aérien de combat franco-allemand-espagnol (FCAS) comme une plate-forme plus chère, peut-être plaquée or, comme un Lockheed Martin F-22 Raptor, car il va effectuer la mission de frappe nucléaire. Les versions françaises devront fonctionner à partir d’un porte-avions, de sorte que la complexité sera intégrée à la conception.
En termes de chiffres, ces pays européens ne pourront jamais se permettre de remplacer leurs flottes existantes sur une base individuelle par le FCAS ou Tempest, les exportations seront donc essentielles pour les deux programmes. L’un des premiers arguments entre la France et l’Allemagne au sujet du FCAS était de le rendre exportable. (Les Français auraient gagné cet argument.)
Quant au Tempest, le document Combat Air Strategy publié lors du dévoilement de la maquette Tempest au salon aéronautique de Farnborough 2018 fait 80 références au besoin de partenaires ou de partenariats pour développer la plateforme.
Les forces aériennes utiliseront davantage des systèmes sans pilote à faible coût en tant que capacités supplémentaires pour soutenir le chasseur habité, de sorte qu’il n’y aurait probablement pas assez de commandes parmi les pays pour justifier les énormes dépenses liées au développement de deux plates-formes différentes. Mais les programmes de combat stimuleraient une croissance significative de la technologie, de l’innovation et de l’emploi dans les pays partenaires – et cela rend ces efforts utiles aux yeux des dirigeants des pays. C’est ce que les programmes apporteront au marché d’exportation qui compte en termes d’exigences suffisantes.
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