Une analyse des enjeux économiques et stratégiques liés à l’acquisition des F-35 par le Maroc, en tenant compte des coûts d’exploitation et de maintenance.
Le Maroc envisage d’acquérir des avions de chasse F-35, connus pour leurs capacités avancées mais aussi pour leur coût élevé. Si les tensions diplomatiques entre Rabat et l’Europe sont aplanies, de nouveaux défis économiques émergent. Le coût d’un F-35 est estimé à 160 millions d’euros par unité, avec des frais d’exploitation atteignant 42 000 dollars par heure de vol. La question est donc de savoir si le Maroc peut se permettre une telle acquisition sans compromettre son budget militaire global, tout en assurant la modernisation continue de sa flotte.
Un intérêt stratégique pour le Maroc face aux défis géopolitiques
Le Maroc a exprimé, en 2021, son intérêt pour l’acquisition des avions de chasse F-35, un appareil reconnu pour ses capacités furtives et ses performances en combat aérien. Cette demande a été faite dans un contexte de tensions géopolitiques avec certains pays européens, notamment l’Espagne et l’Allemagne. En effet, Rabat souhaitait renforcer ses capacités militaires face aux pressions extérieures et à l’évolution des menaces dans la région.
Le F-35 est un chasseur de cinquième génération, conçu pour mener des opérations à haute valeur stratégique. Avec une portée de 2 200 km et des capacités de détection avancées, cet avion permet au Maroc de renforcer ses défenses aériennes tout en assurant une projection de puissance. Cependant, au-delà de l’intérêt stratégique, le coût de cette acquisition suscite des interrogations sur sa faisabilité.
Le coût exorbitant des F-35 : entre acquisition et maintenance
Le coût d’acquisition d’un F-35 est estimé à environ 160 millions d’euros par unité, un montant qui inclut l’achat de l’appareil, les services associés, ainsi que les coûts de maintenance. Ces dépenses varient selon les relations commerciales avec les États-Unis, un point qui pourrait jouer en faveur du Maroc grâce à son partenariat renforcé avec l’OTAN et sa coopération avec Israël.
Cependant, les coûts d’exploitation sont encore plus préoccupants. Le F-35 coûte environ 42 000 dollars (soit environ 39 000 euros) par heure de vol, un chiffre qui inclut l’entretien, le carburant et le personnel nécessaire pour assurer les opérations. Comparativement, un Rafale coûte en moyenne 16 500 euros par heure de vol. Cette différence significative pose la question de la viabilité économique pour un pays comme le Maroc, dont le budget de défense annuel avoisine les 4 milliards d’euros.
La complexité des systèmes et les défis de modernisation
Outre le coût d’acquisition, la maintenance d’une flotte de F-35 représente un défi majeur. Les systèmes électroniques de l’avion, tels que les radars, les capteurs de détection et les dispositifs de communication, nécessitent une mise à jour régulière pour maintenir l’efficacité des appareils sur le long terme. Chaque mise à jour technologique ajoute des coûts supplémentaires à la maintenance, ce qui rend l’exploitation de ces avions encore plus onéreuse. Ces coûts, répartis sur la durée de vie de l’appareil, augmentent le budget global de défense d’un pays et impactent sa capacité à investir dans d’autres domaines.
Les infrastructures sont un autre aspect à considérer. L’accueil d’une flotte de F-35 nécessite des investissements importants dans les bases aériennes, pour garantir l’entretien et la sécurité des appareils. Il est estimé que ces infrastructures pourraient coûter plusieurs centaines de millions d’euros, ce qui accentue la pression sur les finances publiques du Maroc.
Les simulateurs de vol : un compromis coûteux
Face aux coûts prohibitifs du vol d’entraînement avec des F-35, certains pays, comme la Suisse, ont opté pour des heures d’entraînement sur simulateurs. Cette approche permet de réduire les coûts d’exploitation en limitant le nombre d’heures de vol réelles, tout en assurant une formation continue des pilotes. Lockheed Martin, l’entreprise fabricante, promeut d’ailleurs l’utilisation de simulateurs pour compenser les coûts de vol élevés.
Cependant, cette solution ne fait pas l’unanimité. Les pilotes soulignent l’importance de l’expérience en conditions réelles, estimant que le simulateur, bien qu’utile, ne peut remplacer les sensations et les réflexes développés en vol. L’argument souvent avancé est que posséder un avion sans l’utiliser régulièrement pour des entraînements réduit l’efficacité de l’appareil. Un expert de l’industrie de la défense a comparé cette situation à l’achat d’une Ferrari pour la laisser dans un garage, une décision peu rationnelle lorsque l’on cherche à maximiser les capacités d’un équipement aussi sophistiqué.
Conséquences économiques et impact sur la politique de défense marocaine
L’acquisition des F-35 pourrait avoir des répercussions significatives sur la politique de défense du Maroc. En période de crise économique mondiale, allouer une part importante du budget de défense à ces avions pourrait entraîner des compromis dans d’autres domaines, notamment la modernisation d’autres secteurs militaires ou le financement d’infrastructures critiques.
Le Maroc, bien qu’ayant un budget de défense en augmentation, pourrait devoir réduire ses dépenses dans d’autres projets militaires pour compenser le coût des F-35. Cela pourrait affecter les capacités de modernisation d’autres équipements, tels que les véhicules blindés ou les systèmes de défense anti-aériens, nécessaires pour assurer une défense globale du territoire.
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