La Belgique mise sur le F-35 pour toute la formation de ses pilotes de chasse, désormais assurée aux États-Unis sur la base de Luke AFB, avec plus de 1 000 h de vol déjà effectuées.

En résumé

La Composante Air belge a franchi une étape décisive dans la transition vers le F-35A Lightning II : la formation des pilotes de chasse ne se fait plus sur F-16 mais directement sur le nouvel avion de 5e génération. Les premiers détachements belges suivent actuellement leur cursus sur la base aérienne de Luke AFB en Arizona, où sont également formés les pilotes d’autres pays utilisateurs du F-35. Les F-35A belges stationnés sur place ont déjà dépassé 1 000 heures de vol dans le cadre de cette phase d’instruction. L’objectif est de former à la fois des pilotes-instructeurs et des équipages opérationnels pour assurer le retour en Belgique et l’intégration progressive dans les escadrons nationaux. Cette évolution marque un changement doctrinal et logistique majeur, impliquant des investissements financiers importants mais considérés comme nécessaires pour exploiter pleinement le potentiel du F-35 et maintenir l’interopérabilité au sein de l’OTAN.

Les futurs pilotes de chasse belges seront formés exclusivement sur F-35

Un virage stratégique pour la formation belge

Avec le retrait progressif des F-16 MLU, la Belgique a décidé de basculer toute la formation des pilotes de chasse sur le F-35A. Ce choix évite de maintenir deux filières distinctes et permet aux jeunes pilotes de se familiariser directement avec les technologies spécifiques du F-35, notamment la fusion de données, les capteurs avancés et le système de mission réseau-centré.
La Belgique a commandé 34 F-35A, dont les premières livraisons ont commencé en 2023. La formation initiale aux États-Unis est assurée dans le cadre d’un partenariat multinational, où plusieurs pays européens – Pays-Bas, Danemark, Norvège, Finlande – mutualisent leurs ressources sur la base de Luke AFB.
Le transfert complet de la formation sur le F-35 reflète un changement doctrinal : plutôt que de former les pilotes sur un avion de génération précédente, l’accent est mis sur l’acquisition précoce des compétences propres à la guerre en réseau et à la supériorité aérienne moderne.

Une formation organisée sur la base de Luke AFB

Luke AFB, située en Arizona, est aujourd’hui le principal centre international de formation sur F-35A. Il dispose d’instructeurs expérimentés issus de l’US Air Force et des forces aériennes partenaires, ainsi que d’un grand nombre de simulateurs haute fidélité qui permettent d’accomplir plus de la moitié du cursus sans voler.
La Belgique y a déployé plusieurs de ses propres F-35A et pilotes-instructeurs pour accélérer la montée en puissance. Ces appareils ont déjà cumulé plus de 1 000 heures de vol d’entraînement, démontrant la montée en régime du programme.
Le cursus complet dure environ 9 à 12 mois pour un pilote expérimenté et davantage pour un élève pilote. Il comprend la formation théorique sur les systèmes de l’avion, la familiarisation avec les tactiques spécifiques, le combat aérien au-delà de la portée visuelle (BVR) et les missions air-sol, y compris dans des scénarios OTAN.

Le coût et l’investissement nécessaire

La Belgique a signé un contrat d’acquisition d’environ 3,8 milliards d’euros pour ses 34 F-35A, incluant la fourniture des avions, des moteurs, du soutien logistique initial et de la formation.
La formation aux États-Unis représente un poste budgétaire significatif, mais elle est considérée comme plus économique que le maintien d’une école nationale équipée d’avions d’entraînement intermédiaires.
Chaque heure de vol d’un F-35A est estimée entre 30 000 et 33 000 dollars (soit environ 28 000 à 31 000 euros), mais l’usage intensif des simulateurs permet de limiter les coûts opérationnels et l’usure des appareils.
À terme, la Belgique prévoit de rapatrier une partie de la formation avancée sur ses propres bases, notamment à Florennes et Kleine-Brogel, à mesure que les infrastructures seront adaptées aux besoins du F-35.

Des pilotes progressivement opérationnels

Les premiers pilotes belges formés à Luke AFB seront qualifiés pour des missions opérationnelles dès leur retour en Belgique, prévu au fur et à mesure des livraisons d’appareils.
Le processus implique également la formation de pilotes-instructeurs belges, essentiels pour assurer la continuité de l’instruction dans le pays et réduire à terme la dépendance vis-à-vis des États-Unis.
Une fois sur le territoire belge, ces pilotes suivront des cycles d’entraînement supplémentaires pour s’adapter aux spécificités de l’espace aérien national et à l’intégration avec les systèmes de défense européens.
L’interopérabilité avec les autres forces équipées de F-35 dans l’OTAN est un objectif majeur, permettant de mener des opérations conjointes sans adaptation lourde des procédures.

Les avantages tactiques du F-35 pour la Belgique

Le F-35A Lightning II est un chasseur de 5e génération conçu pour la furtivité et la guerre en réseau. Ses capteurs, comme le radar AESA AN/APG-81 et le système électro-optique EOTS, fusionnent automatiquement les données et présentent au pilote une situation tactique simplifiée.
Cette capacité de fusion de données réduit la charge de travail du pilote et améliore sa réactivité en combat aérien et lors des missions air-sol. L’appareil est également conçu pour fonctionner en coordination avec d’autres plateformes, y compris des drones et des systèmes de défense sol-air.
Pour la Belgique, ces caractéristiques signifient un bond qualitatif dans la protection de son espace aérien et dans sa contribution aux opérations OTAN. Cela nécessite toutefois un entraînement approfondi et continu afin que les pilotes exploitent pleinement les capacités offertes.

Le suivi de formation et le maintien des compétences

La formation initiale n’est qu’une étape. Les pilotes de F-35 doivent suivre un entraînement récurrent et des mises à jour logicielles fréquentes, car l’appareil évolue rapidement par blocs successifs (Block 4, Block 4.2, etc.).
Ces évolutions intègrent de nouveaux armements, de meilleures capacités de détection et des améliorations de la connectivité. Chaque mise à jour requiert des périodes d’adaptation et parfois des sessions supplémentaires en simulateur.
Le maintien des compétences dépend aussi du nombre d’heures de vol annuel par pilote. Les standards OTAN recommandent au moins 150 à 180 heures de vol par an pour maintenir un niveau opérationnel élevé, complétées par un nombre comparable d’heures en simulateur.

Les futurs pilotes de chasse belges seront formés exclusivement sur F-35

Un enjeu d’autonomie et de coopération internationale

La dépendance initiale de la Belgique envers la formation américaine est une étape transitoire. L’objectif est de bâtir une capacité autonome de formation et de soutien une fois que l’expérience aura été acquise.
Cependant, la coopération avec les États-Unis et les autres utilisateurs européens de F-35 restera un atout pour partager les enseignements et standardiser les procédures.
Cette approche collaborative renforce l’intégration de la Belgique dans les dispositifs de défense aérienne collective et améliore la résilience des forces alliées face à des menaces modernes.

Une étape clé pour la modernisation de la Composante Air

Le passage à une formation exclusivement sur F-35A symbolise la transformation profonde de la Composante Air belge.
Cette évolution représente un investissement stratégique à long terme, visant à doter la Belgique d’une aviation de chasse adaptée aux défis contemporains, de la défense de l’espace aérien à la projection en coalition.
Elle souligne également le rôle déterminant de la formation des équipages dans l’efficacité globale d’un programme aéronautique : un avion de 5e génération ne peut exprimer tout son potentiel sans des pilotes parfaitement formés aux technologies et aux méthodes de combat qu’il implique.

Retrouvez les informations sur le baptême en avion de chasse.