Pourquoi plusieurs pays préfèrent le F‑35 au Rafale : analyse tech, alliances, industrie et budget renforcé.

Plusieurs pays européens optent pour le F‑35 plutôt que le Rafale malgré la qualité reconnue du chasseur français. Ce choix complexe est motivé par des facteurs technologiques, stratégiques, industriels et politiques. Pour certains, l’interopérabilité avec l’OTAN est cruciale ; pour d’autres, les perspectives de modernisation à long terme ou les coûts d’exploitation jouent un rôle décisif. Ce dossier propose une analyse chirurgicale, sans concession, à destination d’un lectorat averti. Vous découvrirez comment la furtivité, l’électronique de pointe, la chaîne d’approvisionnement transatlantique, et les dynamiques diplomatiques façonnent les décisions d’achat. L’enjeu : comprendre pourquoi un Etat peut délaisser un excellent avion de chasse européen, le Rafale, pour miser sur un système américain jugé plus adapté à ses besoins actuels et futurs, malgré des considérations souverainistes évidentes. Les données et retours du terrain reflètent une réalité souvent moins politique que technique. Ce panorama démêle les points sensibles : capacités, compatibilité, budgets, et volonté d’influence des États-Unis. L’objectif est clair : éclairer la décision, sans langue de bois.

Rafale vs F-35

La technologie de cinquième génération

Le F‑35 offre une furtivité totale inégalée, fruit d’une conception en transparence radar et d’un armement interne. En missions d’ouverture, l’avantage tactique est évident. Le radar AESA AN/APG‑81, le système DAS, le HMDS et l’EOTS fusionnent données spatiales et temporales, ce qui améliore la conscience situationnelle. En comparaison, le Rafale, bien que discret (composite, configuration delta-canards), conserve un profil radar plus généreux et dépend d’une lutte électronique active.

Le Rafale possède néanmoins des atouts : radar RBE2 AA AESA à portée de 200 km, supercroisière à Mach 1,4, système SPECTRA pour brouillage/détection. Ce système offre une bonne protection EM, mais n’égale pas la furtivité passive du F‑35, utile dans des environnements saturés. En missions SEAD ou pénétration protégée, le F‑35 demeure prééminent. Enfin, sa capacité à évoluer avec les standards (F‑35A jusqu’à F‑35J/K) et ses mises à jour logicielles régulières assurent une évolution continue sur plusieurs décennies – ce que le Rafale, conçu dans les années 1990, peine à égaler.

Interopérabilité et alliances

Le F‑35 est un composant central de la posture aéromilitaire de l’OTAN. Plus de 13 pays européens l’exploitent, facilitant un travail en coalition sans adaptation. La gestion des données du vol, des menaces, des armes est normalisée : tous parlent le même langage tactique. Par exemple, la Belgique a sélectionné 34 F‑35A pour environ 4 milliards d’euros, soit 600 M€ de moins que son budget prévu, soulignant l’intérêt d’une offre cohérente au sein d’une alliance militaire intégrée.

À l’inverse, le Rafale impose des liaisons propriétaires, et ses interconnexions avec F‑35, F‑16 et systèmes OTAN exigent des développements spécifiques, parfois coûteux. L’interopérabilité devient donc une contrainte logistique et financière.

Industrie, politique et dépendance

Les achats du F‑35 s’inscrivent dans une logique industrielle partagée. L’Italie, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Norvège bénéficient de chaînes d’approvisionnement sur leur sol. Ces partenariats garantissent du travail local et des transferts technologiques. À l’inverse, les commandes de Rafale sont gérées centralement par Dassault et restent hors des logiques européennes multilatérales.

La pression politique avance aussi ses pions. Sous l’administration Trump, l’incertitude sur les approvisionnements, voire le fantasme d’un « kill switch », a ébranlé certains États. Cela a nourri le débat sur la souveraineté aérienne. Pourtant, malgré ces réserves, plusieurs pays ont maintenu leurs choix F‑35. Portugal, Canada et certains anciens partenaires ont réfléchi à un basculement vers le Rafale ou le Gripen, mais l’inertie industrielle et l’intégration OTAN les incitent à renoncer.

Coûts et évolutions stratégiques

L’acquisition du F‑35 est chère, avec un prix unitaire entre 80 et 110 M\$ (≈ 74‑101 M€), hors logistique. Le cycle de vie, étalé sur plusieurs décennies, est soutenu par un plan de maintenance transnational. Le Rafale coûte similaire à l’achat (≈ 100 M\$), mais ses coûts opérationnels sont plus faibles : environ 15 000 \$/h contre plus de 40 000–50 000 €/h pour le F‑35 . Pour des flottes réduites, le Rafale peut sembler plus économique à l’usage.

Cependant, un programme à long terme structure les décisions européennes : le FCAS (Future Combat Air System) initié entre France, Allemagne et Espagne. Ce programme vise à développer un chasseur de sixième génération, capable de concurrencer les F‑35K et japonais. Le Rafale y est un tremplin, mais le F‑35, par sa masse critique, a gagné la course technologique actuelle, rendant son choix plus pragmatique.

Rafale vs F-35

Défis et perspectives

Même avec ses atouts, le F‑35 suscite des réserves. La dépendance aux mises à jour américaines, les incertitudes stratégiques et la concentration de l’industrie posent des questions. L’Europe essaie de rebondir : le fonds européen de défense de 150 milliards d’euros, soutien des sociétés comme Thales, Saab, MBDA, tentative d’industrialisation locale des séries F‑35, ou compétition avec la Typhoon et le Gripen.

Pour les pays acquéreurs, le calcul oppose capacité furtive + interopérabilité au coût à l’heure de vol + souveraineté industrielle. Le choix du F‑35 marque une stratégie de dépendance calculée envers les États-Unis, en misant sur les effets d’échelle et la puissance d’une norme mondiale.

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