Le F-22 Raptor reçoit des réservoirs furtifs, des pods IRST et le missile AIM-260 pour maintenir sa domination aérienne face aux menaces émergentes.
Un programme de modernisation ciblé sur la supériorité aérienne
Le F-22 Raptor, avion de chasse de cinquième génération développé par Lockheed Martin, reste au cœur du dispositif de supériorité aérienne des États-Unis. Bien que sa production ait été arrêtée en 2011, l’appareil continue de jouer un rôle stratégique dans la doctrine d’engagement américaine. Le 18 juin 2025, l’US Air Force a annoncé une série de mises à niveau destinées à prolonger la pertinence opérationnelle du F-22 jusqu’à l’arrivée de son successeur dans le cadre du programme NGAD (Next Generation Air Dominance).
Ces améliorations comprennent l’intégration de réservoirs de carburant externes furtifs à faible traînée, l’ajout de capteurs infrarouges IRST (Infrared Search and Track) sous les ailes, ainsi que le déploiement du missile air-air AIM-260 JATM, conçu pour remplacer l’AIM-120 AMRAAM. Ces modifications s’inscrivent dans un besoin précis : accroître l’endurance, améliorer les capacités de détection passive et garantir la létalité au-delà de la portée visuelle dans un environnement de plus en plus contesté.
Le contexte géopolitique actuel – montée en puissance aérienne de la Chine avec le J-20, déploiement croissant de radars VHF multistatiques, saturation du champ de bataille par des drones et missiles – impose aux États-Unis d’adapter leur plateforme la plus furtive à une réalité technique en mutation rapide. Le programme de modernisation 2025 du F-22 n’est pas un simple ajout de capacités, mais une réponse directe à l’évolution concrète des menaces stratégiques et tactiques.
Un réservoir externe furtif pour augmenter l’autonomie sans alourdir la signature radar
Optimiser la portée sans compromettre la furtivité
L’un des principaux défauts opérationnels du F-22 Raptor a toujours été son rayon d’action limité sans ravitaillement : environ 850 kilomètres en mission de combat, en configuration furtive, sans réservoir externe. Jusqu’ici, le recours à des réservoirs largables sous voilure réduisait considérablement la discrétion radar de l’appareil.
La solution présentée en juin 2025 par Lockheed Martin et Northrop Grumman est un nouveau type de réservoir externe profilé, optimisé pour réduire la traînée aérodynamique et la signature radar frontale. Ce réservoir, intégré sous les ailes, présente une géométrie angulaire compatible avec les surfaces furtives du F-22. La conception utilise des matériaux composites et une peinture absorbante radar (RAM).
Chaque réservoir permettrait d’augmenter la capacité carburant de plus de 2 200 litres, portant la distance franchissable à plus de 1 400 kilomètres, sans ravitaillement. Le principal atout réside dans la possibilité de les larguer sans dégrader le profil furtif : un mécanisme de séparation propre permet de rejeter les réservoirs sans laisser de point dur exposé, en refermant une trappe aérodynamique.
Cette extension de portée modifie la logique d’engagement du Raptor. Elle permet des missions plus lointaines depuis des bases secondaires, sans dépendance immédiate à un ravitailleur, ce qui devient crucial dans un scénario de guerre de haute intensité avec déni d’accès. En zone Pacifique, cela permettrait à un F-22 basé à Guam de frapper une cible au large de Taïwan sans compromettre sa signature.
Un capteur IRST pour détecter sans émettre en environnement dégradé
Améliorer la détection passive pour contrer les aéronefs furtifs
Le deuxième élément majeur du programme concerne l’installation d’un capteur IRST sous les ailes. Jusqu’alors, le F-22 ne disposait pas de système de recherche infrarouge passif intégré, contrairement à des appareils plus récents comme le F-35, le Su-57, ou le J-20. L’IRST (Infrared Search and Track) permet de détecter un avion de chasse par sa signature thermique, sans émission radar active, ce qui évite de trahir sa position.
Le nouveau capteur, développé par Raytheon Technologies, est monté dans un pod externe, discret sur le plan radar. Il permettrait une détection à plus de 130 kilomètres contre des cibles à forte émission thermique, et environ 90 kilomètres contre des avions furtifs à basse observabilité thermique.
Cette capacité est déterminante face à des adversaires capables de brouiller ou de leurrer les radars classiques. Dans un combat BVR (Beyond Visual Range), disposer d’une piste thermique fiable permet de verrouiller une cible sans activer le radar AN/APG-77. Ce capteur peut aussi être couplé à des algorithmes de fusion de capteurs basés sur l’IA, développés dans le cadre du programme Raptor Agile Capability Release (RACR).
L’IRST offre aussi un atout en défense passive. Il permet de détecter un missile entrant, ou une salve d’engins à guidage infrarouge, sans dépendre de l’alerte radar. Cela renforce l’autonomie tactique du pilote, notamment dans les engagements sans couverture AWACS ou en conditions de guerre électronique saturée.
Un missile AIM-260 JATM pour étendre la portée de frappe et dépasser les menaces émergentes
Supplanter l’AIM-120 AMRAAM dans les combats au-delà de la vue directe
Le F-22 va désormais pouvoir emporter le missile air-air AIM-260 JATM (Joint Advanced Tactical Missile), développé pour répondre à l’AAM chinois PL-15, capable de frappes à plus de 250 kilomètres. L’AIM-120 AMRAAM, en service depuis les années 1990, atteint une portée maximale d’environ 180 kilomètres pour les versions C-7/D. Ce n’est plus suffisant face à des adversaires équipés de radars longue portée et de capteurs distribués.
L’AIM-260, conçu par Lockheed Martin, intègre un nouveau propulseur à impulsion augmentée et un guidage actif combinant radar et liaison de données. Sa portée exacte reste classifiée, mais les évaluations indiquent une enveloppe d’engagement effective de 300 kilomètres, avec une vitesse terminale supérieure à Mach 5.
Le missile reste compatible avec la baie interne du F-22 Raptor, sans compromettre sa furtivité. Le Raptor pourra emporter six AIM-260 en mode furtif, ou davantage en configuration mixte avec charges externes. Le JATM est conçu pour fonctionner en coordination avec une IA de gestion de tir, permettant des engagements multiples, décalés dans le temps, avec mise à jour en vol de la cible.
L’objectif est double : frapper plus loin que l’adversaire, avant détection radar complète, et saturer la défense adverse par des attaques synchronisées à grande vitesse. Le JATM rétablit l’avantage du Raptor dans un environnement où les missiles adverses gagnent en portée et en vitesse.
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