A la fin des années 1970, La Suède envisage un appareil capable de succéder à toutes ses versions du J 35 et 37. Un cahier des charges est remis à Saab en 1980, qui propose le Saab 2110. Celui-ci est accepté en 1982. C’est à cette époque que le nom Gripen (Griffon en suédois) est choisi à l’issue d’un concours public, rappelant le symbole de Saab. L’appareil est propulsé par un RM-12, la version suédoise du F404, le réacteur qui équipe le F/A-18. Ses 3 lettres JAS (Jakt, Attack, Spaning) rappellent ses capacités multirôles. De même que ses prédécesseurs, il est capable d’opérer à partir d’une portion de route. Il est équipé d’un radar PS-05/A et de CDVE à triple redondance. Cependant, le développement du programme prend du retard et coûte plus cher que prévu. Le prototype effectue son vol inaugural le 9 décembre 1988 à Linköping aux mains de Stig Holmström. Mais le 2 février 1989, une panne des commandes de vol électriques provoque un accident à l’atterrissage qui l’endommage fortement. 4 autres prototypes sont construits et le deuxième effectue son vol inaugural le 4 mai 1990. Le quatrième, qui testait le viseur de casque, vola le 20 décembre 1990, avant le 4e prototype complètement équipé, le 26 mars 1991. La Suède commande alors 110 appareils, 96 JAS 39A monoplaces et 14 JAS 39B biplaces. Le premier appareil de série vole en mai 1993, mais est lui aussi victime d’une panne de CDVE le 8 août 1993. Le premier appareil biplace, le JAS 39B, vole le 29 avril 1996. Cette version, développée depuis 3 ans, voit son fuselage allongé de 67 cm. Elle conserve la même capacité de carburant, mais n’emporte pas de canon. Une version Batch 2 du JAS 39A, équipé d’un nouveau générateur électrique, d’un système de contrôle de vol amélioré et un affichage tête haute modifié entre en service en 1997. Le JAS 39C, ou batch 3, vole le 14 août 2002 et dispose d’une perche de ravitaillement en vol rétractable, d’un tableau de bord modernisé avec écrans couleurs, d’un nouveau système de navigation, d’un réacteur RM12UP avec Fadec, et, surtout, est interopérable avec l’OTAN. Elle est relativement proche de la version destinée à l’exportation. Elle est commandée à 80 exemplaires. Le JAS 39D, commandé à 14 exemplaires, est sa version biplace. Commandé en octobre 2007, le Gripen NG (ou Demo), est un Gripen à la structure profondément remaniée : son train d’atterrissage principal a été déplacé au niveau de l’emplanture des aile, pour augmenter la capacité en carburant de 1 000 l et ajouter 2 points d’emport supplémentaires. Il emporte un réacteur General Electric F414G plus puissant, dérivé de celui du F/A-18E, ce qui a nécessité un agrandissement des entrées d’air. Il doit également emporter un radar AESA Raven. Il en existe un seul exemplaire, biplace, toujours en cours de test depuis son vol inaugural, le 27 mai 2008. Il devrait entrer en service dans l’armée de l’air suédoise sous la dénomination JAS 39E/F, à l’horizon 2017/2018. En février 2010, Saab créa la surprise en déclarant qu’elle comptait concevoir une version navalisée du JAS 39, le Sea Gripen. La cellule étant déjà robuste et l’appareil de taille réduite, cette opération est présentée avec des risques minimes. Dans la réalité, une telle transformation peut s’avérer plus complexe que prévue. Le Sea Gripen se poserait alors en concurrent du MiG-29K en Inde, du F-35 en Espagne et en Italie, ou du Rafale au Brésil. Une autre version a été présentée : il s’agit d’une variante dronisée du Gripen E, susceptible de conduire des missions de combat. La Suède possède 204 Gripen, dont 28 biplaces, depuis juin 1996. La F7 fut la première à recevoir les nouveaux appareils. Elle fut suivie par la F10 en 1999, la F17 et F21 en 2002. 5 escadres au total en sont équipées. 31 JAS-39A devraient être portés au standard JAS-39C, la flotte étant réduite dans le même temps à 100 monoplaces. En revanche, la Suède espère conserver ses Gripen au moins jusqu’en 2040. L’appareil, de par son prix unitaire estimé à 27 millions de dollars dans sa version de base, en fait un des chasseurs occidentaux parmi les plus abordables. Depuis le salon du Bourget de juin 1995, BAe et Saab ont signé un accord de collaboration visant à faciliter l’exportation du Gripen. Il a eu de fait un certain succès à l’export. La République Tchèque loue 12 monoplaces JAS-39C et 2 biplaces JAS-39D depuis juin 2005 : cet accord a été prolongé en mai 2014 pour durer jusqu’en 2027. Par ailleurs, en raison de la crise entre l’Ukraine et la Russie en 2014, elle envisage de louer au moins 6 exemplaires supplémentaires. La Hongrie loue 12 monoplaces JAS-39C et 2 biplaces JAS-39D depuis 2006, avec option d’achat. L’Afrique du Sud a commandé 19 monoplaces et 9 biplaces, vol en Mirage livrés à partir de 2008. Le nombre total fut ramené à 26 appareils. La Thaïlande a acheté 2 Gripen C et 4 Gripen D, livrés depuis 2010, pour remplacer ses F-5. Un deuxième lot de 6 appareils fut livré en septembre 2013, et un troisième lot de 6 appareils commandé en janvier 2014. Le Gripen a remporté en novembre 2011 le marché suisse portant sur 22 appareils, dans sa version E/F. L’appareil est clairement plus économique que ses concurrents Typhoon et Rafale. En revanche, ses capacités à répondre aux besoins de l’armée suisse sont mises en doute, au point qu’il se montre inférieur au F/A-18C dans tous les domaines. De plus, le référendum du 18 mai 2014 a montré clairement un refus du peuple suisse d’acquérir un nouvel avion de combat, quelqu’il soit, enterrant toute chance pour le Gripen d’être mis en service en Suisse. Cependant, la Suède a commandé 60 Gripen E début 2013, livrables entre 2018 et 2027. Le Gripen NG a également intéressé le Brésil face au Rafale et au F/A-18E en décembre 2013. Le contrat portant sur 36 appareils (28 Gripen E et 6 Gripen F) fut signé en octobre 2014, les livraisons devant s’échelonner entre 2019 et 2024. Il pourrait porter à 108 exemplaires au total. Du coup, l’Argentine a exprimé son intérêt pour cet appareil, et 24 Gripen construits au Brésil pourraient être livrés à l’Argentine. L’Empire Test Pilots’ School basé au Royaume-Uni utilise le Gripen pour l’entraînement. Le Gripen a participé aux opérations sur la Libye en 2011 avec 8 exemplaires, en effectuant des missions de combat et de reconnaissance. Enfin, le Gripen est sur les rangs en Belgique, au Danemark, en Bulgarie, en Croatie, en Finlande, au Canada, en Serbie, en Slovaquie, en Indonésie et en Malaisie. Il a échoué en Norvège, aux Pays-Bas, en Roumanie et en Inde. Sur 236 exemplaires (sans compter les prototypes), 5 ont été perdus, sans causer de morts. Le Gripen se présente comme un appareil fiable, bon marché, auquel la petite taille et sa légèreté donne un avantage en combat aérien. Son électronique performante en fait un bon appareil, même si sa capacité d’emport et son autonomie sont réduites par rapport à d’autres appareils contemporains. Pour certains pays, il peut s’avérer tout-à-fait suffisant et satisfaisant.
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