Analyse du 15 octobre 2025 : le J-35A entre officiellement en service dans la PLAAF, ses caractéristiques, implications stratégiques et technologiques.
En résumé
Le 15 octobre 2025 marque une étape décisive pour l’aviation chinoise : la Force aérienne de l’Armée populaire de libération (PLAAF) a officiellement intégré le J-35A, variante furtive terre-air du chasseur naval J-35/FC-31. Cet appareil combine capacités de multirôle, furtivité accrue et liaison avec la flotte porte-avions via la version navale J-35. Il se veut un complément au J-20, visant une industrialisation à large échelle pour densifier le réseau de chasse furtifs. Sur le plan technique, il emprunte des pistes de progrès : aile repliable, admission DSI (diverterless supersonic inlet), revêtements furtifs, avionique numérique. Sur le plan stratégique, ce déploiement renforce la posture chinoise en mer de Chine méridionale, en intensifiant la menace aéronavale face aux États-Unis, Taiwan ou l’Asie du Sud-Est. Si ses performances réelles restent largement confidentielles, le J-35A pourrait devenir un élément central de la kill chain chinoise, reliant capteurs, missiles et unités en réseau.

Le J-35A : émergence officielle d’un chasseur furtif
De l’ombre au déploiement : cadre chronologique
Le J-35 dérive du démonstrateur FC-31 (aussi appelé J-31), pensé initialement pour le marché export et pour des missions navales. Au fil du développement, des versions distinctes sont apparues : la version embarquée J-35 (naval) et la version terrestre J-35A (pour la PLAAF). Le 3 septembre 2025, lors du défilé V-Day, la Chine a montré publiquement des J-35 et J-35A en formation, marquant symboliquement leur entrée dans l’arsenal officiel.
Le 15 octobre 2025, date choisie pour symbolisme, la PLAAF a officiellement annoncé l’intégration du J-35A dans une unité de combat, assurant une transition du prototype vers l’opérationnel. Ce jalon confirme que la production à faible cadence est désormais en cours.
Des annonces médiatiques affirment que le J-35 navalisé a déjà été certifié pour les catapultes électromagnétiques (EMALS) du porte-avions Fujian, et a réalisé des lancements et récupérations à bord.
Caractéristiques techniques et différences avec le FC-31
Le J-35A est qualifié de chasseur de taille moyenne avec un rôle multirôle (air/terre et air/air). Il dispose d’un train d’atterrissage adapté aux bases terrestres, d’une structure optimisée pour la furtivité et une charge interne d’armement. Il conserve les innovations du projet FC-31 : prise d’air du type DSI (sans volet mécanique important), forme fuselée lisse dominant construction blended body, ailes trapézoïdales + empennages canted, canopy à visibilité améliorée.
Selon les observateurs, le J-35A présente des révisions du FC-31 : empennage modernisé, cockpit surélevé, ailes à repli et modifications structurelles.
Sur le plan moteur, il est attendu que le J-35A puisse utiliser des moteurs chinois de classe WS-19 ou versions améliorées, afin de réduire la dépendance aux moteurs d’origine russe.
Dans les rôles tactiques, il pourrait servir de capteur mobile dans la chaîne de frappe (kill chain) : détecter ou suivre des cibles, partager les données avec SAM ou autres avions, guider missiles externes.
Certains commentaires présentent le J-35A comme la moitié “nombreuse” de l’arsenal furtif chinois : face au J-20 plus spécialisé, le J-35A vise une production plus large, avec un rapport compromis-performance optimisé.
Capacité opérationnelle et défis technologiques
Furtivité, avionique et intégration en réseau
Le degré de furtivité du J-35A — matériaux absorbants, alignement des panneaux, revêtements radar — reste largement classifié. Certains doutes subsistent quant à la maturité de ces technologies face aux radars AESA modernes.
Son avionique doit incorporer fusion de capteurs, data links sécurisés, guerre électronique embarquée et architectures de mission évolutives — un domaine où la Chine tend à rattraper ses concurrents.
Il doit s’intégrer aux réseaux de liaisons chinoises (C4ISR), pour devenir un nœud dans la “kill chain” : repérage, traitement, transmission, frappe. Le J-35A est explicitement attendu pour coopérer avec des systèmes au sol ou navals dans la traque de cibles furtives ou de missiles de croisière.
Résistance aux contraintes et fiabilité
Les défis sont multiples : refroidissement interne, dégradation des surfaces furtives, maintenance des revêtements, usure structurelle.
Le pilotage à haute charge, les exigences de manœuvre, la vitesse projetée (on évoque Mach 1,8 ou plus) imposent des marges thermiques et structurales fortes.
La fiabilité des moteurs domestiques (WS-19 ou autre) constitue un point critique : leur stabilité en vol soutenu, performance en température élevée, maintenance, cycles de vie seront décisifs.
Mise à l’épreuve embarquée et certification porte-avions
Pour la version navale J-35, la certification pour lancement et récupération sur porte-avions à catapulte (CATOBAR) est essentielle. En septembre 2025, des vidéos officielles ont montré des opérations de lancement et d’appontage sur le Fujian avec des J-35, montrant l’usage des catapultes électromagnétiques.
Cela fait du J-35 le premier chasseur furtif à avoir opéré via EMALS sur porte-avions chinois, un jalon stratégique ambitieux.
Cependant, les essais en conditions réelles, en environnement marin agressif, la maîtrise des cycles embarqués (salinité, corrosion, contraintes deck) restent à valider sur la durée.
Implications géostratégiques et militaires
Renforcement de la projection navale chinoise
L’intégration du J-35A (et du J-35 pour la marine) permet à la Chine de densifier ses capacités aériennes furtives, y compris dans les zones maritimes contestées. Le PLAAF disposera désormais de deux types de chasseurs furtifs (J-20 et J-35A), une configuration rare hors les États-Unis.
Cette capacité accrédite la posture de dissuasion chinoise dans le Indo-Pacifique, notamment autour du Taiwan, des îles Paracels, des récifs Spratleys, et dans les mers de Chine méridionale et orientale.
Intensification des tensions régionales
La mise en service du J-35A alerte les États voisins : Japon, Corée du Sud, Inde surveillent cette progression technologique en supériorité aérienne.
La livraison potentielle de J-35A à des alliés comme le Pakistan est envisagée, ce qui pourrait modifier les équilibres stratégiques dans le sous-continent indien. ([turn0search26])
La Chine devient encore plus crédible dans la guerre aéronavale de zone, forçant les puissances comme les États-Unis à réévaluer leur posture de supériorité aérienne en mer proche.
Pression sur les chaînes d’information et de capteurs ennemis
Un chasseur furtif en plus grand nombre permet à la Chine de saturer les défenses adverses, d’effectuer des raids furtifs ou des missions de sensing en profondeur.
Le J-35A pourrait servir à escorter des bombardiers, à pénétrer les défenses adverses ou à escorter des missions anti-navires dans des zones contestées.

Limites, incertitudes et regards critiques
Secret, hype et performance non vérifiée
Malgré la mise en service proclamée, les données concrètes de performance (rayon d’action, charge utile, distance furtive, endurance) restent largement inconnues. Certains analystes qualifient le J-35A de « boîte noire » médiatique.
Il est possible que le déploiement initial soit limité, dans des unités pilotes, et que le J-35A ait encore besoin de temps pour atteindre une pleine capacité opérationnelle.
Écart technique avec les avions occidentaux
Dans certains domaines — moteurs, stealth frontal, fusion de capteurs, interopérabilité, écosystèmes de maintenance — le J-35A pourrait demeurer en retrait par rapport à des modèles comme le F-35.
Le développement logiciel, les mises à jour des modes de mission, la sécurité des liaisons de données seront des défis cruciaux à relever pour atteindre une réelle efficacité opérationnelle.
Coût, logistique et soutenabilité
Intégrer un nouveau chasseur furtif exige des infrastructures de soutien (entretien des revêtements, logistique de pièces, simulateurs, formation). Le coût d’opération pourrait peser lourd dans le budget aérien chinois, malgré sa capacité industrielle.
La maintenance des revêtements furtifs, la cohérence de l’alignement des panneaux, l’optimisation de la chaîne d’entretien seront des défis dans un climat opérationnel exigeant.
Le 15 octobre 2025 restera peut-être dans les livres d’histoire comme le moment où la Chine a franchi un seuil dans sa modernisation aérienne : l’entrée officielle du J-35A dans la PLAAF. Ce chasseur furtif, combiné à la version navale J-35, affermit la posture chinoise dans la compétition aérienne du XXIᵉ siècle. Mais le chemin vers un véritable concurrent de classe mondiale n’est pas tracé : les défis techniques, logiciels, logistiques et opérationnels restent élevés. Ce déploiement est un signal puissant, mais ce sont les vols, les exercices et la production en série qui donneront valeur réelle au J-35A dans le concert militaire mondial.
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