SNC propose Freedom, un avion-école double moteur, plus économique, durable, préparant mieux les futurs pilotes navals que le T-45.
Sierra Nevada Corporation présente Freedom, un avion-école naval entièrement conçu, doté de deux moteurs Williams FJ44-4M. Il promet une durée de vie de cellule de 16 000 h, soit le double des exigences prévues, un coût de cycle de vie 40 % inférieur au T-45, et des sorties 30 à 40 % plus longues. L’appareil supporte jusqu’à 35 000 touch-and-go ou FCLP, offre des capacités de manœuvre de –3 G à +8 G et un angle d’attaque de 27°, avec un cockpit moderne évoquant F-18 ou F-35. SNC propose également l’ensemble numérique complet à la marine, une première dans ce type de contrats.
Conception générale et moteurs
L’avion-école Freedom est une conception entièrement nouvelle (clean-sheet design), développée spécifiquement pour répondre aux besoins de l’UJTS (Undergraduate Jet Training System) de la marine américaine. Contrairement au T-45 à moteur unique, Freedom est doté de deux turbofans Williams FJ44-4M, des moteurs déjà largement éprouvés — plus de 20 millions d’heures de vol cumulées dans le monde, notamment sur des jets d’affaires comme la famille Cessna Citation. Le choix du double moteur apporte une sécurité accrue en cas d’incident moteur, une exigence cruciale pour les opérations navales, tout en permettant une conception de cellule plus légère et efficiente.
Cette architecture moteurs permet aussi une gestion optimisée de la consommation et des performances. La marine bénéficierait d’un système fiable, fiable, et éprouvé, se traduisant par une prévisibilité opérationnelle supérieure, tout en réduisant les coûts de maintenance et d’exploitation.
Durabilité de la cellule et capacité d’usage
Freedom affiche une durée de vie cellule de 16 000 heures, ce qui représente deux fois la durée exigée par la marine (environ 8 000 heures), offrant une robustesse prolongée. À ce niveau, l’appareil est conçu pour supporter 35 000 touch-and-go et/ou Field Carrier Landing Practice (FCLP), en phase avec les usages intensifs du cycle d’entraînement naval. Ces chiffres traduisent une longévité opérationnelle exceptionnelle, réduisant les coûts unitaires par heure de formation.
Performance et manœuvrabilité
Freedom est conçu pour refléter les caractéristiques des avions de 4ᵉ et 5ᵉ génération, en particulier en termes de manœuvres critiques. Il supporte des charges allant de –3 G à +8 G, permettant un profil d’entraînement exigeant. L’appareil peut atteindre un angle d’attaque (AoA) maximal de 27°, avec une marge conservatrice par rapport à la capacité réelle (32°) afin d’assurer des qualités de vol stables. Cette performance est obtenue sans atteindre la région transsonique ou supersonique, évitant ainsi des compromis structurels — par exemple, l’usage de chines volumineux qui génèrent de fortes traînées, exigeant des moteurs plus puissants, donc plus gourmands.
Freedom présente aussi un train d’atterrissage à bielle pendante (trailing link), adapté aux contraintes de l’entraînement naval au sol, et un cockpit moderne permettant une interface visuelle comparable à celle des F-18 ou F-35. L’aile comporte volets-frise et flaperons, optimisant la portance et l’agilité.
Le coût du cycle de vie et l’efficacité des sorties
Freedom promet un coût de cycle de vie global inférieur de 40 % à celui du T-45. De plus, les sorties durent 30 à 40 % plus longtemps, ce qui augmente le volume de formation par vol. Ces gains s’expliquent par la fiabilité des moteurs FJ44, la durabilité de la cellule, et l’optimisation aérodynamique, entraînant moins de maintenance, moins de rechanges, et une meilleure productivité des heures d’entraînement.
FCLP et une préparation réaliste
Le jet Freedom est le seul actuellement à proposer une capacité FCLP jusqu’à l’atterrissage (FCLP-to-touchdown), aujourd’hui encore exigée pour l’entraînement naval. La marine américaine a récemment envisagé d’abandonner cette exigence, en misant sur des dispositifs virtuels comme Magic Carpet, ce qui exposes un risque : les futurs pilotes pourraient ne découvrir l’atterrissage sur porte-avions qu’au sein de leur unité opérationnelle réelle. Freedom, en revanche, permet un entraînement intégral, répliquant la charge de travail et la mémoire musculaire indispensables pour des phases de vol critiques, surtout dans des conditions difficiles (par exemple nuit, météo dégradée), où la tolérance à l’erreur est quasi nulle.
La capacité à entraîner ainsi le pilote naval jusqu’à l’impact exact du patin sur le pont est un argument clef pour éviter des accidents coûteux et potentiellement dangereux.
Propriété des données et évolutivité numérique
SNC propose de livrer à la marine l’intégralité du package numérique de l’avion, incluant les données MBSE (Model-Based Systems Engineering) et CFD (Computational Fluid Dynamics). Il s’agit d’une première dans un contrat de défense états-unien, offrant à l’acheteur la possibilité de réaliser évolutions, modifications, mises à jour par lui-même. Cette transparence confère une latitude technique stratégique à long terme, permettant de faire évoluer la flotte sans dépendance totale au fournisseur original.
Les enjeux face aux concurrents
L’UJTS est déjà très compétitive : Boeing propose une version navalisée du T-7A Redhawk (développée par voie numérique, malgré des défis récents), Lockheed Martin/KAI propose le TF-50N, et Textron/Leonardo le Beechcraft M-346N. Ces options reposent sur des plates-formes existantes, ce qui réduit les coûts de développement. Toutefois, aucune n’offre actuellement toutes les qualités défendues par Freedom : durabilité doublée, FCLP-to-touchdown, double moteur éprouvé, cockpit moderne, package numérique ouvert, performance proche des avions de combat, coût de vie réduit.
Les conséquences stratégiques et formation future
Si la marine accepte les modifications récentes des exigences UJTS — en particulier l’abandon du FCLP — cela pourrait impacter la qualité de la formation initiale et déporter la charge sur les unités de remplacement de flotte (FRS). Cela retarderait la mise en service opérationnelle des pilotes et augmenterait l’usure des avions de combat.
Freedom, avec ses atouts techniques, offre une formation plus complète à moindre coût, une meilleure préparation au combat réel, et une maintenance allégée. À terme, l’adoption d’un tel avion pourrait entraîner une réduction des accidents, une meilleure disponibilité opérationnelle des forces, et une résilience industrielle renforcée grâce à l’accès aux données.
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