Lockheed renforce la production de missiles PAC‑3, HIMARS et GMLRS en Europe pour répondre à une demande militaire croissante.
Depuis la guerre en Ukraine, Lockheed Martin intensifie sa production de missiles (PAC‑3, HIMARS, GMLRS), visant une augmentation de 40 % entre 2024 et 2025, en lançant des partenariats industriels en Pologne, Allemagne, Royaume‑Uni, etc. L’entreprise entend localiser des chaînes de production stratégiques en Europe (propulseurs, tubes de lancement, assemblages). L’objectif : réduire les goulots d’étranglement, accélérer les livraisons, renforcer la résilience industrielle européenne, tout en introduisant des technologies évolutives comme la guidance par liaison de données et la re-délocalisation de la maintenance.
L’accroissement de la production de missiles tactiques et défensifs
Lockheed Martin prévoit une hausse de 40 % des livraisons de missiles entre 2024 et 2025 sur l’ensemble de son portefeuille spécialisé (PAC‑3, HIMARS, GMLRS…) .
- Pour le PAC‑3, la cadence doit augmenter progressivement : ~300 unités annuelles ces dernières années vers 550 en 2023-24, et 650 d’ici 2027, avec une possibilité de dépassement.
- Pour le HIMARS, le rythme est passé de 48 à 96 unités/an et Lockheed anticipe une production avant commandes fermes afin de bâtir un stock disponible.
- Pour le GMLRS, la production atteindra 14 000 roquettes/an cette année .
Une interprétation technique
Une montée en cadence de 40 % implique des ajustements lourds : montée en capacité des usines, recrutement spécialisé, automatisation. Par exemple, atteindre 14 000 roquettes/an nécessite d’augmenter la capacité des lignes d’usinage, de contrôle qualité et d’assemblage de 12 000 à 14 000 unités, soit +2 000 roquettes/an. Ces volumes sont dictés par la pression opérationnelle en Ukraine et les attentes de l’Otan.
Les localisations industrielles stratégiques en Europe
Lockheed entame une décentralisation industrielle, pilotée via plusieurs accords :
- Pologne : tubes de lancement PAC‑3 MSE (usine à Dęblin, 3 000 m²) officiellement livrés en avril 2025.
- Allemagne : centre d’excellence missiles en joint‑venture avec Rheinmetall, orienté ATACMS et PAC‑3.
- Royaume‑Uni : fabrication de sous‑ensembles Javelin et discussions en cours sur PAC‑3 et HIMARS .
- Espagne : industrialisation PAC‑3 MSE confirmée en 2024 .
- Italie, France, Israël : exploration de production de propulseurs et moteurs solides (Avio, Roxel, Tomer) .
Les enjeux industriels
Localiser la fabrication permet de diminuer les délais de livraison (lead time), de contourner les restrictions commerciales et financières de l’UE, et de répondre à la pression politique pour “acheter européen”. Cela renforce également la sécurité d’approvisionnement, en réduisant la dépendance aux rares fournisseurs américains, et crée des emplois hautement qualifiés dans les pays hôtes.
Innovation technologique et efficacité opérationnelle
Lockheed intègre de nouvelles liaisons de données (data links), autorisant par exemple à guider un missile via la reconnaissance d’un F‑35 ou satellite, éliminant la nécessité d’un chercheur on‑board coûteux .
Cette innovation limite le coût du système d’interception en remplaçant un radar Ka-Band actif (~300 k € la pièce) par une liaison de données moins coûteuse (~50 k €), tout en conservant la précision.
Les progrès incluent également la mise à jour des moteurs solides en deux pulsed (PAC‑3 MSE), augmentant la portée et l’altitude d’interception.
Impact tactique
Ces technologies permettent à l’allié défense de réagir à des menaces balistiques rapides ou des roquettes guidées d’un vol à l’autre. En intégrant la capacité « hit‑to‑kill » avec guidage réseau, l’efficacité d’interception augmente de manière multiplié (plusieurs mégajoules d’énergie cinétique favorable) et limite les dommages collatéraux .
Les conséquences géopolitiques et capacitaires
Ce positionnement industriel dote l’Europe d’une capacité d’autonomie partielle sur les systèmes anti-missiles.
-L’UE alloue près de €150 milliards en prêts et subventions pour racheter son déficit sécuritaire, avec un volet industriel « local first » .
-L’initiative Sky Shield en Allemagne prévoit une défense multi-couches (Patriot, Arrow 3, IRIS-T…) évolutive d’ici 2030.
-L’introduction de jets F‑35 (13 pays européens), missiles, hélicos, amplifie l’interopérabilité et la résilience OTAN .
Cependant, les efforts trouvent des limites :
- La fragmentation industrielle européenne reste élevée.
- Les priorités nationales divergent (France via MBDA/Thales, Allemagne via Rheinmetall).
- Les politiques “acheter européen” risquent d’exclure partiellement les industriels américains, d’où la démarche proactive de Lockheed.
Un soutien logistique et maintenance en zone
Lockheed ne se limite pas à la production : elle installe des centres de maintenance (ex. HIMARS en Roumanie avec Aerostar). Des projets identiques sont prévus en Italie, Pologne, Bulgarie et Grèce .
Ces centres réduisent la durée hors service (MTTR), limitent les déplacements vers les États-Unis, et permettent un soutien en temps réel aux forces déployées sur des zones sensibles.
Les défis et perspectives
Défis
- Contraintes techniques : créer de nouvelles chaînes de production (p.ex. en Pologne) requiert 2 à 3 ans pour atteindre des cadences adéquates .
- Coûts élevés des machines-outils, certifications, personnel.
Perspectives
- Renforcement de l’alliance transatlantique, assurant que les chaînes logistiques restent fluides, proches du terrain.
- Motivation des investisseurs : Rheinmetall a vu son cours monter de +250 % depuis novembre.
- Intégration politique : l’UE vise à orienter 50 % de ses contrats vers l’industrie locale d’ici 5 ans.
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