Lors de son vol transatlantique, un des quatre F-35A Lightning II belges a été immobilisé aux Açores : histoire, causes, conséquences et étonnement autour du dossier belge.

En résumé

L’armée belge accueillait récemment ses quatre premiers F-35A en provenance des États-Unis avec une escale aux Açores. Trois appareils ont poursuivi sans encombre jusqu’à la base de Florennes Air Base, tandis que le quatrième, immatriculé FL011, est resté sur place en raison d’une « incertitude technique concernant son aptitude à voler ». Les autorités belges ont qualifié l’arrêt de « maintenance non planifiée », sans en préciser la nature exacte. Cet incident a suscité un flot de commentaires, certains qualifiant cette mésaventure de « blague belge du F-35 aux Açores ». Ce dossier pose à nouveau la question de la fiabilité opérationnelle du F-35, de l’acceptation publique de son achat par la Belgique et de la crédibilité du programme au sein de l’OTAN.

L’événement : une réception perturbée

Le transit et l’escale aux Açores

Le 13 octobre 2025, la Belgian Air Component a officiellement accueilli ses premiers F-35A à Florennes. Trois appareils ont accompli le trajet transatlantique depuis Fort Worth (Texas), avec ravitaillements en vol et escale sur les Açores, avant d’atterrir vers 15 h 15 locales. Cependant, l’un des quatre avions (FL011) ne les a pas accompagnés et est resté stationné aux Açores, faute de « capacité confirmée à voler ».

La panne : des faits très flous

Les informations officielles sont très peu précises. Le ministère belge de la Défense évoque une « maintenance non planifiée » ou une « incertitude technique concernant son aptitude à voler ». Le média Aviation24 précise que l’avion a été retenu pour « unscheduled maintenance » aux Açores. ( Reddit et forums évoquent un possible problème moteur, mais cette mention reste non confirmée par les autorités. Ainsi, la nature exacte de la panne — hydraulique, moteur, électronique, système de ravitaillement en vol ou capteur — demeure inconnue.

L’impact immédiat

L’avion immobilisé a retardé (d’environ une semaine) l’arrivée complète du bloc initial de quatre jets belges. Ce contre-temps a donné lieu à des commentaires ironiques : l’expression « la blague belge du F-35 » a été employée dans la presse et les réseaux sociaux. Par exemple, certains internautes belges ont moqué le coût élevé de l’appareil — plus de 120 millions US$ l’unité — face à ce type de problème.

Le contexte : pourquoi la Belgique achète le F-35

Le remplacement du F-16

La Belgique avait choisi le F-35 en 2018 pour remplacer la flotte vieillissante de F-16 Fighting Falcon, en service depuis plus de 40 ans. La commande initiale porte sur 34 appareils, avec une intention d’acquérir 11 de plus (soit 45 au total). Le F-35A est un chasseur de cinquième génération doté de capacités furtives, de fusion de capteurs et de liaison de données réseau.

Les attentes opérationnelles

La Belgique entend ainsi assurer une interopérabilité complète avec les alliés de l’OTAN, renforcer la dissuasion et moderniser son dispositif de défense aérienne. L’arrivée des F-35 marque une montée en gamme majeure par rapport aux F-16, tant au plan des capteurs que de la capacité multirôle.

L’analyse technique : que peut-on dire de la panne ?

Potentiels domaines de défaillance en vol transatlantique

Le transit transatlantique pour un chasseur comme le F-35A implique ravitaillement en vol (air refuelling), utilisation prolongée des systèmes embarqués, variations thermiques et pressions de carburant. Un arrêt peut résulter d’un problème d’équipement de ravitaillement, d’un capteur critique, d’un volet moteur ou d’un souci hydraulique. L’absence de précision officielle empêche de connaître le domaine concerné.

Réaction et protocole de sécurité

Le commandement belge a justifié la retenue de l’appareil par la logique suivante : « Quand il y a le moindre doute, on ne part pas ». Ce principe traduit une culture de la sécurité et de la fiabilité, ce qui est crucial dans la phase de réception d’un nouvel appareil. Cela ne veut pas dire que l’appareil est hors service, mais qu’il n’était pas jugé « prêt sans réserve » pour le vol.

Implications pour la disponibilité et l’image du programme

Cet incident met en évidence que même les avions de cinquième génération ne sont pas à l’abri des aléas techniques. Pour le F-35, déjà critiqué pour ses coûts élevés et ses taux de disponibilité parfois jugés faibles, chaque incident est scruté. Les observateurs se demandent si la Belgique pourra atteindre les objectifs de disponibilité fixés et quel sera l’impact sur le budget d’exploitation et la maintenance.

F-35 Belgique

L’impact sur l’acceptation publique et politique de l’achat du F-35

Le point de vue politique et médiatique

En Belgique, l’achat des F-35 a été débattu dès 2018. Une partie de l’opinion publique et politique a jugé l’investissement « excessif » pour un pays de taille moyenne. Cet incident aux Açores donne matière à critique. Des médias ont titré de façon ironique, en parlant de « blague », ce qui alimente les doutes.

L’effet sur la confiance des opérateurs et du public

La perception d’un problème technique frappant le tout premier vol de livraison est symbolique. Même s’il s’agit d’une précaution saine, elle peut générer un sentiment de vulnérabilité. Il est essentiel pour la force belge, et pour Lockheed Martin, de démontrer une remontée rapide à une pleine capacité opérationnelle pour éviter que le dossier n’alimente des voix sceptiques dans le débat sur les coûts de possession (maintenance, pièce de rechange, rétrofit).

L’importance dans le cadre de l’OTAN et de l’interopérabilité

La Belgique a présenté son acquisition comme un engagement clair dans la défense collective européenne. Si le F-35 venait à accumuler des retards ou des indisponibilités, cela pourrait affaiblir sa crédibilité dans le dispositif allié. Le « bloc de plus de 700 F-35 » dans les airs européens y tient une place symbolique.

Les leçons à tirer et perspectives pour la Belgique

Un suivi rigoureux des premières heures d’exploitation

La phase d’acceptation et de mise en service des jets belges est critique. Les autorités doivent documenter et corriger toute anomalie, documenter les leçons et garantir que la logistique de soutien et la chaîne de maintenance sont opérationnelles. Le retard de l’un des appareils pourrait être un signal — et non un scandale — pour montrer que les règles de sécurité sont appliquées.

La question du coût global et de la disponibilité

Au-delà de l’achat, ce sont les coûts de maintenance et la disponibilité opérationnelle qui vont compter. Le F-35 a été critiqué pour des taux de service jugés modérés. Il est important que la Belgique mette en place des indicateurs clairs, des stocks de pièces et une formation fiabilisée pour éviter que cet incident ne fasse oublier les autres défis.

La gestion de l’image et l’interprétation symbolique

En ce moment, l’incident est très visible médiatiquement comme un objet de moquerie. Le terme « blague belge » rappelle que l’image compte. Le gouvernement et l’armée belge devront communiquer de façon transparente sur les causes, les mesures, et la suite opérationnelle. Cela peut être transformé en opportunité de démontrer que la Belgique applique une exigence de qualité.

Une phase de transition au risque et à l’espoir

Cet arrêt aux Açores symbolise plus qu’un simple aléa technique : il met en lumière le défi que représente le passage à la cinquième génération d’avions de combat pour un pays de moyenne dimension. La Belgique remplace des F-16 matures mais vieillissants par des F-35A extrêmement sophistiqués. Si l’acquisition marque un saut technologique et stratégique, l’intégration opérationnelle demeure la phase la plus critique.

Pour l’instant, l’incident n’a pas d’impact majeur sur le calendrier global — le quatrième appareil a été livré ultérieurement. ( Toutefois, la Belgique doit rapidement confirmer que ses F-35 peuvent voler sur tous les théâtres de l’OTAN et maintenir un haut niveau de disponibilité. Le débat va désormais porter non sur l’achat mais sur l’exploitation — et sur la preuve que cet investissement sert bien la souveraineté belge et l’engagement collectif.

Ainsi, l’événement d’Açores reste un couac, mais aussi un test du sérieux du programme. La Belgique, avec ses nouveaux F-35A, a l’occasion de montrer que elle ne se contente pas de posséder une technologie de pointe, mais qu’elle sait aussi la maîtriser.

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