Le Rafale F5 intégrera le radar RBE-2XG, UCAV collaboratif et liaison quantique pour contrer les chasseurs furtifs russes et chinois d’ici 2030.
Le Rafale F5, dernière version planifiée du chasseur polyvalent de Dassault Aviation, cristallise les ambitions françaises en matière de supériorité aérienne pour la décennie 2030. Prévu pour entrer en service au tournant de la décennie, ce standard avancé du Rafale introduira des technologies de rupture dans un contexte stratégique marqué par la montée en puissance de l’aviation de combat chinoise et russe. Face aux J-20 et J-35 chinois, ou encore aux Su-57 et Su-75 russes, le Rafale F5 doit maintenir une capacité de supériorité aérienne crédible, tant pour l’armée française que pour les clients export.
Le programme F5 repose sur trois piliers : un nouveau radar RBE-2XG à détection longue portée et capacité anti-furtive, l’intégration d’un UCAV furtif collaboratif capable de missions autonomes, et des avancées majeures en liaison de données sécurisée, potentiellement basées sur les communications quantiques. L’objectif est clair : assurer l’interopérabilité avec les futurs systèmes de combat européens, et pénétrer des environnements saturés en guerre électronique.
Dans ce contexte, la promesse du Rafale F5 dépasse l’évolution incrémentale. Il s’agit d’un bond technologique destiné à préserver la pertinence opérationnelle du Rafale face à des adversaires disposant déjà de chasseurs furtifs de cinquième génération et de systèmes de défense aérienne de plus en plus intégrés. L’analyse suivante détaille les éléments techniques, les choix industriels et les enjeux stratégiques de cette montée en gamme.
Un radar conçu pour contrer les aéronefs furtifs
Le RBE-2XG : une évolution critique pour la détection à longue distance
Le Rafale F5 intégrera le radar RBE-2XG, évolution du RBE-2 AESA actuellement en service. Ce nouveau capteur repose sur une architecture GaN (nitrure de gallium), qui remplace le GaAs (arséniure de gallium) utilisé sur les versions précédentes. Cette transition permet d’augmenter la puissance d’émission, d’améliorer la résolution radar et d’accroître considérablement les capacités de détection à longue distance, y compris contre des cibles ayant des caractéristiques furtives.
L’objectif annoncé est de pouvoir détecter un avion de chasse furtif à plus de 200 kilomètres, selon l’aspect radar de la cible. Cette capacité viserait notamment à identifier un J-20 chinois ou un Su-57 russe opérant à distance. Ces avions reposent sur des géométries réduisant la signature radar frontale, mais le RBE-2XG combinera fréquences multiples, modes de poursuite adaptatifs et traitement de signal avancé pour percer ce type de camouflage électromagnétique.
Une architecture pensée pour la guerre électronique moderne
Outre ses fonctions de détection, le RBE-2XG permettra des fonctions avancées de guerre électronique embarquée. Le Rafale F5 devrait pouvoir localiser, brouiller et saturer des émissions hostiles, en complément de son système SPECTRA, également mis à jour. Cette approche intégrée vise à rendre l’avion résilient face aux systèmes russes S-400 ou S-500, et aux futurs radars basse fréquence chinois, plus sensibles aux plateformes furtives.
La convergence entre détection, brouillage et capacité de tir à longue portée permettrait au Rafale F5 de frapper sans entrer dans la bulle de défense adverse. Ce facteur devient critique dans les scénarios indo-pacifiques, où la dissuasion aérienne repose sur la capacité à identifier un appareil adverse avant d’être repéré.
Une coopération homme-machine avec un drone de combat furtif
Un UCAV complémentaire : le projet « neuron F5 »
Le Rafale F5 intégrera un système de combat collaboratif avec un drone furtif, développé à partir des technologies du démonstrateur nEUROn, déjà testé depuis 2012. Ce UCAV (Unmanned Combat Air Vehicle) pourrait opérer en réseau avec le chasseur habité, dans une configuration dite « manned-unmanned teaming ».
L’objectif est de déléguer des missions de pénétration, de brouillage ou d’attaque à ces drones discrets, pilotés ou coordonnés par le Rafale. Ce concept, déjà exploité par les Américains avec le programme Loyal Wingman ou par les Russes avec le S-70 Okhotnik, permet de diversifier les angles d’attaque et d’augmenter la masse de feu sans exposer le pilote.
Le futur drone compagnon du Rafale F5 devrait disposer d’une signature radar réduite, d’une liaison sécurisée en temps réel, et d’un système de décision autonome limité. Il s’agirait probablement d’un vecteur de 7 à 9 mètres d’envergure, pesant entre 3 et 6 tonnes, avec une autonomie de 1 000 à 1 500 km et capable de porter deux missiles air-air ou air-sol.
Une rupture capacitaire face aux J-20 en escadron
La Chine expérimente déjà des escadrons mixtes de chasseurs J-20 accompagnés de drones GJ-11. Le Rafale F5 vise à offrir une réponse opérationnelle équivalente, en adaptant son architecture avionique et tactique pour gérer plusieurs vecteurs non habités depuis une même cellule.
Cette évolution suppose une transformation du rôle du pilote, désormais chargé de coordonner un mini-groupe tactique embarqué, intégrant à la fois son propre chasseur, les drones compagnons, et potentiellement d’autres aéronefs alliés. Ce changement tactique nécessite des interfaces homme-machine fluides, une charge cognitive allégée et une doctrine d’emploi révisée.
Une connectivité de combat pensée pour les futurs environnements contestés
Vers des communications quantiques et inviolables
Le Rafale F5 pourrait intégrer une liaison quantique expérimentale, capable de transmettre des données sans risque d’interception ni de brouillage. Bien que cette technologie ne soit pas encore opérationnelle à grande échelle, plusieurs laboratoires français y travaillent, en lien avec la Direction générale de l’armement.
Cette liaison serait conçue pour des communications critiques, comme la synchronisation de tirs en réseau, la désignation de cibles partagée, ou le contrôle distant de l’UCAV compagnon. Cette capacité constituerait une barrière contre les systèmes de guerre électronique chinois, qui cherchent à saturer ou fausser les signaux classiques via impulsions hyperfréquence.
Une intégration complète au cloud de combat européen
Le Rafale F5 s’inscrira dans l’architecture du SCAF (Système de Combat Aérien du Futur), aux côtés de l’avion de 6e génération développé par Dassault, Airbus et Indra. Le F5 devra donc être interopérable avec des plateformes variées, sur un réseau de données tactique partagé, permettant une analyse commune de la situation, une répartition dynamique des cibles, et des capacités de tir coopératif.
Cela nécessitera une réécriture complète du logiciel de mission, une intégration de l’intelligence artificielle pour l’analyse des menaces, et une adaptation de la gestion des priorités à bord. Le tout dans un environnement marqué par des cybermenaces permanentes, y compris contre les calculateurs embarqués et les liaisons de données.