Analyse détaillée des capacités des Rafale et Su-57 en situation de combat réel, pour les professionnels de la défense.

Comparer objectivement le Rafale et le Su-57 dans un engagement réel soulève des questions complexes. Le Rafale, avion de chasse français, est un appareil de génération 4.5, polyvalent et éprouvé au combat. Le Su-57, avion de chasse russe, est un chasseur de cinquième génération, encore en phase de déploiement opérationnel. Le premier est largement exporté et utilisé par plusieurs forces aériennes, tandis que le second est principalement en service en Russie. Le Rafale a démontré ses capacités dans divers théâtres d’opérations, alors que le Su-57 reste en grande partie théorique en termes d’engagement réel.

Comparaison technique : Rafale vs Su-57 en combat réel

Les caractéristiques techniques des deux appareils

Le Rafale

Le Rafale, avion de chasse français de génération 4.5, est conçu pour assurer une large gamme de missions, dont la supériorité aérienne, l’attaque au sol, la reconnaissance et la dissuasion nucléaire. Développé par Dassault Aviation, il repose sur une architecture bimoteur dotée de deux réacteurs Snecma M88-2. Chaque moteur délivre une poussée de 75 kN avec postcombustion, permettant à l’appareil d’atteindre Mach 1.8 (soit environ 1 912 km/h) à haute altitude.

Le Rafale est capable de voler en supercroisière à une vitesse de Mach 1.4 sans recours à la postcombustion, une capacité rare pour un chasseur non furtif. Son plafond opérationnel est de 15 835 mètres, ce qui lui permet d’engager des cibles à haute altitude. Le rayon d’action, en configuration air-sol avec trois réservoirs externes de 2 000 litres, atteint environ 1 850 km, sans ravitaillement en vol.

Sa masse maximale au décollage est de 24 500 kg, avec une capacité d’emport externe de 9 500 kg sur 14 points d’attache, dont 5 sous le fuselage. L’architecture du Rafale permet une manœuvrabilité élevée grâce à sa configuration delta-canard et un rapport poussée/poids favorable (environ 1:1 en configuration allégée). Son rayon de virage instantané est d’environ 22°/s, ce qui lui permet une excellente réponse en combat rapproché.

Le Su-57

Le Su-57, avion de chasse russe de cinquième génération, est conçu par Sukhoi pour combiner furtivité, vitesse, manœuvrabilité et capacité multirôle. Il est propulsé par deux turboréacteurs Saturn AL-41F1, chacun fournissant une poussée maximale de 147 kN avec postcombustion. Ce moteur permet une vitesse maximale de Mach 2 (environ 2 120 km/h) et une supercroisière estimée à Mach 1.6, bien que les essais opérationnels n’aient pas encore totalement validé cette capacité.

Le Su-57 peut voler jusqu’à 20 000 mètres d’altitude, avec un rayon d’action estimé à 1 500 km en mission d’interception, extensible à 5 500 km avec ravitaillement et réservoirs auxiliaires. Sa masse maximale au décollage atteint 35 000 kg, avec une capacité d’emport de 10 000 kg, dont une partie dans quatre soutes internes conçues pour préserver la furtivité radar.

La cellule du Su-57 utilise une combinaison de matériaux composites (jusqu’à 25 % de sa masse) pour réduire sa signature radar. Il bénéficie aussi de plans canards mobiles, de tuyères vectorielles en 2D et d’un contrôle de vol numérique permettant une agilité avancée, avec un taux de virage instantané supérieur à 28°/s dans certaines configurations.

Ces deux avions répondent à des doctrines très différentes : le Rafale privilégie la polyvalence et la fiabilité en milieu contesté ; le Su-57 tente de concilier furtivité, manœuvrabilité et allonge stratégique.

Les systèmes d’armes et de détection

Le Rafale

Le Rafale est conçu pour mener simultanément des missions d’interception, d’attaque au sol et de reconnaissance. Il s’appuie pour cela sur une suite de capteurs intégrée et redondante. Son radar RBE2 AESA (Radar à Balayage Électronique Actif) est capable de suivre jusqu’à 40 cibles simultanément et d’en engager 8 en même temps. Il fonctionne en bande X et offre une portée supérieure à 200 km contre des cibles aériennes, selon leur section radar.

L’avion intègre également le système OSF (Optronique Secteur Frontal), un capteur passif infrarouge et TV monté sur le nez de l’appareil. Il permet une identification visuelle jusqu’à 45 km, une détection infrarouge sans émission radar et une traque efficace des menaces furtives à courte distance. À cela s’ajoute le système SPECTRA (Système de Protection et d’Évitement des Conduites de Tir du Rafale), un ensemble de guerre électronique qui regroupe brouillage, leurres, capteurs d’alerte et lance-leurres. Il permet au Rafale d’évoluer en milieu fortement défendu sans dépendance extérieure.

Côté armement, le Rafale peut utiliser une gamme complète de munitions. En air-air, il emporte les MICA IR et EM (portée de 20 à 50 km) pour le combat rapproché et à moyenne portée, ainsi que le missile longue portée Meteor, capable d’engager des cibles au-delà de 150 km avec une liaison de données bidirectionnelle et un autodirecteur actif. En air-sol, il peut tirer le missile SCALP EG (portée >250 km), le missile AASM à guidage GPS/laser (portée de 15 à 60 km selon la version), et les bombes guidées laser GBU-12, GBU-16, GBU-24. La capacité d’emport simultané de charges air-air et air-sol optimise sa flexibilité en mission mixte.

Le Su-57

Le Su-57, conçu pour la furtivité et l’interception de haute intensité, est équipé du système radar N036 Byelka, une constellation de radars AESA répartis entre le nez, les ailes et les flancs. L’ensemble offre une couverture angulaire supérieure à celle d’un radar monolithique, avec une portée de 400 km contre des cibles de grande dimension. Ce radar peut détecter des chasseurs à signature réduite à plus de 120 km, selon la RCS de la cible.

Le Su-57 est aussi doté du 101KS-V, capteur infrarouge intégré à la suite 101KS Atoll. Il assure la détection optique dans toutes les directions et permet le suivi passif de cibles aériennes, utile contre des appareils furtifs ou en environnement électromagnétique dégradé. Son système de guerre électronique L402 Himalayas, développé par KRET, fonctionne en coordination avec les surfaces de la cellule pour générer un brouillage actif. Il offre une protection électromagnétique couvrant un spectre large, y compris contre les radars à bande L ou UHF, souvent utilisés pour traquer les avions furtifs.

L’armement air-air inclut le missile R-77-1 (portée de 110 km), doté d’un autodirecteur radar actif et d’un plan de vol adaptatif. Il emporte aussi des R-73M à guidage infrarouge, à haute manœuvrabilité (portée <40 km). En air-sol, le Su-57 peut lancer les missiles Kh-59MK2 (portée de 285 à 300 km, guidage inertiel/GPS), les Kh-38 (modulables, portées de 10 à 40 km) et les bombes planantes KAB-250 et KAB-500 à guidage laser ou satellite.

Contrairement au Rafale, une partie des armes du Su-57 peut être logée en soute interne, ce qui limite sa signature radar, mais réduit le nombre de munitions disponibles sans configuration externe. L’appareil peut toutefois utiliser des pylônes externes pour des charges supplémentaires au détriment de la furtivité. Cette logique rend sa configuration hautement dépendante du scénario d’emploi tactique.

Comparaison technique : Rafale vs Su-57 en combat réel

L’expérience opérationnelle et la fiabilité

Le Rafale

Le Rafale, en service depuis 2001 dans l’Armée de l’Air et de l’Espace française puis dans la Marine nationale, a été déployé dans des contextes opérationnels variés et exigeants. Il a été engagé en Afghanistan dès 2007 dans le cadre de l’opération Héraclès, puis en Libye en 2011 lors de l’opération Harmattan. Il a ensuite été impliqué en Irak et en Syrie dès 2014 dans le cadre de la lutte contre Daech (opération Chammal) et au Mali dans l’opération Serval.

À chaque fois, le Rafale a démontré une disponibilité technique moyenne supérieure à 90 % dans les premiers mois de déploiement, y compris en environnement désertique ou depuis des porte-avions comme le Charles de Gaulle. La conception modulaire de ses composants et l’architecture centralisée de ses systèmes facilitent les diagnostics et réduisent le temps de remise en service. En termes logistiques, les forces françaises ont mis en place un soutien technique globalisé (contrats de soutien FOS – Follow-On Support – avec Dassault, Thales, Safran), garantissant un haut niveau de disponibilité sur le long terme.

En conditions de guerre réelle, le Rafale a tiré des missiles SCALP-EG, AASM, GBU-12, Meteor et MICA, avec une fiabilité documentée. La cellule et les moteurs ont peu souffert en conditions extrêmes, ce qui a renforcé sa réputation dans les appels d’offres internationaux. Le Rafale a été exporté à l’Égypte, au Qatar, à la Grèce, à l’Inde, à la Croatie et aux Émirats Arabes Unis, signe de sa robustesse en contexte opérationnel.

Le Su-57

Le Su-57, entré en production de série à partir de 2020, souffre encore d’un retour d’expérience très limité. Bien que présenté comme pleinement opérationnel, seuls une dizaine d’exemplaires sont actuellement en dotation dans les forces aériennes russes, bien en-deçà des prévisions initiales qui tablaient sur 76 appareils livrés d’ici 2027. La flotte est concentrée au sein du Centre de combat de Lipetsk et de quelques unités d’élite.

L’unique engagement connu du Su-57 en environnement réel a eu lieu en Syrie entre 2018 et 2020, pour des vols de reconnaissance et, selon le ministère russe de la Défense, des lancements de missiles air-sol depuis haute altitude. Toutefois, ces actions ont été très limitées (moins de dix vols confirmés) et n’ont pas permis d’évaluer l’appareil en situation de combat aérien ou de supériorité aérienne.

Les retours industriels indiquent des difficultés persistantes : retards dans la livraison des moteurs Izdeliye 30, pannes récurrentes sur les commandes de vol numériques, défauts de tolérance dans certaines pièces de cellule et défauts d’alignement des surfaces furtives. En décembre 2019, le premier Su-57 de série s’est écrasé peu après son vol d’essai, soulignant les failles dans les chaînes de production chez Sukhoi.

L’entretien du Su-57 reste complexe du fait de la technologie composite, de l’intégration dense de capteurs dans la cellule et du manque de retour d’expérience sur les systèmes embarqués. Les infrastructures logistiques associées à cet appareil sont encore incomplètes, y compris dans les unités russes. À ce jour, la Russie reste le seul utilisateur actif du Su-57, et aucun contrat d’exportation ferme n’a été signé, bien que des discussions aient eu lieu avec l’Inde, l’Algérie et les Émirats.

En l’état, le Su-57 est un appareil prometteur mais encore immature, dont la fiabilité opérationnelle reste à démontrer au-delà des essais en vol et des démonstrations de surface.

Comparer le Rafale et le Su-57 dans un engagement réel met en évidence des différences significatives en termes de maturité technologique, d’expérience opérationnelle et de fiabilité. Le Rafale, avec ses performances éprouvées et sa polyvalence, offre une solution fiable pour diverses missions. Le Su-57, bien que prometteur sur le papier, nécessite encore des validations en conditions réelles pour confirmer ses capacités.

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