L’Italie doit faire davantage pour défendre ses satellites, car l’espace devient un domaine reconnu pour les opérations militaires, a déclaré le chef d’état-major de la défense italienne.
« Il sera essentiel de rendre la protection des satellites plus robuste », a déclaré l’amiral Giuseppe Cavo Dragone, qui a mis en garde contre une « augmentation des menaces » et « un risque pour la sécurité » dans l’espace.
Cavo Dragone s’exprimait lors d’un séminaire organisé à Rome le 23 février à l’occasion de la publication d’un nouveau rapport par un groupe de réflexion italien, qui exhorte le gouvernement italien à renforcer la défense spatiale et à faire en sorte que les trajectoires orbitales soient exemptes de débris.
Cavo Dragone a déclaré que l’armée italienne « reconnaît depuis longtemps que l’espace est un domaine opérationnel dans lequel nous devons protéger un écosystème délicat et protéger les services et les infrastructures ».
La capacité à repérer les menaces est « essentielle », a-t-il expliqué, sans quoi il serait difficile de distinguer les comportements « irresponsables » et « agressifs » dans l’espace et d’identifier les acteurs qui provoquent des incidents en orbite.
S’adressant au séminaire, le ministre italien de la défense, Lorenzo Guerini, a déclaré que l’espace était devenu « plus stratégique, plus compétitif, plus encombré et plus contesté ».
L’appel du Cavo Dragone est intervenu après que l’Italie a lancé en janvier son sixième satellite Cosmo-SkyMed, qui vient s’ajouter à une constellation offrant des capacités de surveillance radar de l’espace à des fins militaires et civiles.
Dans le rapport lancé à l’occasion du séminaire, l’Institut des affaires internationales basé à Rome met en garde : « Une attaque contre un satellite militaire devrait être considérée comme une attaque contre un navire militaire naviguant dans les eaux internationales et faire l’objet d’une réponse similaire de la part du ministère de la défense.
Une telle attaque nécessiterait également une « décision politique quant à l’invocation ou non de l’article 5 de l’OTAN sur la défense collective », ajoute le rapport.
« La reconnaissance par l’OTAN de l’espace comme domaine opérationnel implique que les forces armées des alliés vont opérer dans cet environnement en principe comme dans d’autres domaines, en termes de dissuasion et de défense ainsi que, de manière générale, d’opérations militaires », indique le rapport.
De même, une attaque contre un satellite civil d’une nation italienne ou alliée pourrait être comparée à une attaque contre un navire marchand italien, qui pourrait également nécessiter une réponse militaire, selon le rapport.
Renforcer les capacités de défense dans l’espace signifie équiper les satellites de capteurs permettant de détecter une attaque électronique ou physique, selon le rapport. Cela « découragerait la conduite de comportements irresponsables ou offensifs en orbite en rendant leur attribution plus rapide, plus précise et plus claire », ajoute le rapport.
Le nombre de satellites devant passer de 4 500 aujourd’hui à 50 000 d’ici à 2030, l’Italie a également besoin d’une nouvelle législation pour encourager la « désorbitation », c’est-à-dire le retrait des satellites redondants afin d’éviter l’encombrement de l’orbite et les risques de collision.
Outre sa constellation Cosmo-SkyMed, l’Italie a lancé les satellites de communication militaires Sicral et partage avec la France le satellite de communication militaire Athena-Fidus.
Les liens industriels avec la France sont également étroits depuis la mise en commun des capacités de construction de satellites en 2005 par le biais de l’entreprise Thales Alenia Space.
L’Italie gère également le satellite de surveillance optique OptSat-3000 lancé avec Israel Aerospace Industries dans le cadre d’un accord de compensation industrielle pour l’achat par Israël d’avions d’entraînement M-346.
Le rapport appelle à une législation conçue pour renforcer la protection militaire des satellites afin d’augmenter la législation italienne introduite en 2018, qui a confié au bureau du Premier ministre la responsabilité de coordonner la politique spatiale, avec le soutien de son conseiller militaire.
L’état-major de la défense italienne a créé en 2019 un bureau général de l’espace et un commandement des opérations spatiales en 2020 ; ensemble, ils sont chargés de la planification, de la politique, de l’approvisionnement, des lancements et des retraits de satellites.
Ce qui fait encore défaut, c’est le financement, indique le rapport, notant que les budgets de recherche spatiale militaire pour 2021-2023 ne s’étendent qu’à 100 millions d’euros (111 millions de dollars américains). En comparaison, note le rapport, le ministère britannique de la Défense a publié cette année une stratégie spatiale de défense qui prévoit d’investir 1,4 milliard de livres sterling (1,9 milliard de dollars américains) sur 10 ans dans l’espace – soit 420 millions de livres sterling sur une période de trois ans.
« L’une des principales raisons est que l’espace est par défaut un intérêt commun à toutes les forces armées, mais qu’il ne constitue pas l’activité principale d’un seul service, et qu’il souffre donc de la comparaison avec les priorités respectives de l’armée de terre, de la marine et de l’armée de l’air », indique le rapport.

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