Le groupe d’ingénierie Assystem s’est associé à un projet de reconstruction de l’avion de chasse D551, un aéronef créé en 1939 qui n’a encore jamais volé, grâce à l’impression 3D. Né de l’imagination du constructeur français Emile Dewoitine (1892-1979), l’appareil sera exposé en juin au salon du Bourget et devrait entamer sa campagne d’essais début 2018. Lancé par l’association toulousaine Replic’Air, le projet de faire revivre cet aéronef de la Seconde guerre mondiale a aussi donné lieu à un partenariat avec le motoriste Safran ou encore Mapaéro, fabricant européen de peintures pour l’aéronautique, basé en Ariège. Le groupe Airbus apporte de son côté un « soutien financier et logistique ». Le groupe d’ingénierie Assystem, qui compte parmi les leaders européens dans le domaine de l’ingénierie aérospatiale et emploie 1.500 personnes à Toulouse, a conçu les pièces (supports systèmes, sous-composants de structure secondaire et systèmes mécaniques) destinées à être produites en impression 3D par Prismadd, société du Tarn-et-Garonne, spécialisée dans la fabrication additive de pièces métalliques pour l’aéronautique. Les différentes pièces de l’avion en acier, aluminium et titane, dont certaines sont toujours en cours de fabrication, sont assemblées dans les ateliers toulousain et tarnais de Replic’Air. Le projet, d’un montant de 2,5 millions d’euros, porte sur la fabrication de deux appareils « afin de pouvoir maintenir l’avion en vol à l’année, notamment pour sa participation à des meetings aériens », explique Jérémy Caussade, président de Réplic’Air. Avec le D551, Emile Dewoitine projetait d’augmenter les performances de son modèle D520, alors en service dans l’armée de l’Air française, tout en divisant par deux le temps de production. Le biplace, d’une longueur de 8,02 mètres, était censé atteindre une vitesse de 662 km/h. La signature de l’Armistice en juin 1940 a stoppé net le projet. Les quelques appareils que l’usine Dewoitine avait terminés, considérés comme prises de guerre, ont fini à la ferraille en 1941 avant d’avoir pu effectuer leur premier vol. Créée en 2011 à Toulouse par un noyau de passionnés d’aéronautique, l’association Réplic’Air a déjà reconstruit un Morane-Saunier G qui a traversé la Méditerranée en septembre 2013, cent ans après le vol opéré par Roland Garros. « Nous sommes partis des plans d’origine pour reproduire les pièces grâce à de nouvelles technologies comme la découpe-laser et la fabrication additive », explique Jérémy Caussade, président de Réplic’Air. « A travers ce projet, l’association apporte un retour d’expérience, teste des technologies et des preuves de concept qui peuvent intéresser les industriels pour des avions modernes », précise-t-il. De son côté, Assystem conçoit ce projet comme «un test grandeur nature» qui va lui permettre de «gagner en compétence et en expertise sur la fabrication additive». «L’impression 3D intéresse tous les fabricants, c’est le sujet de demain sur les avions dans la mesure où elle permet de fabriquer des pièces plus simplement et une réduction de masse qui fait baisser les coûts d’opération », précise Julie de Cevins, vice-présidente d’Assystem chargée du compte Airbus.