Le chef d’état-major des armées françaises a annoncé l’interception de plusieurs avions russes qui suivaient le porte-avions Charles de Gaulle en Méditerranée orientale.
« Au cours des derniers jours, [il y a eu] des interactions du CSG [carrier strike group – AeroTime] français, déployé en MEDOR [Eastern Medditerranean – AeroTime] dans le cadre de l’opération Chammal CJTFOIR avec des aéronefs russes qui ont été détectés dès leur décollage de Lattaquié et ont été suivis en permanence par les unités du CSG français », a tweeté le 19 février 2022 le compte Twitter des militaires français, accompagné de photos en noir et blanc d’aéronefs russes en vol.
Les avions sur les photos peuvent être identifiés comme étant un bombardier stratégique Tupolev Tu-22M et deux avions de chasse Sukhoi Su-30 ou Su-35. Un autre groupe de vol composé d’un avion de patrouille maritime Ilyushin Il-38 et de son escorte Su-30/35 a également été intercepté par les chasseurs Rafale Marine le 18 février 2022.
Le Charles de Gaulle est déployé en Méditerranée dans le cadre de l’opération Chammal, la partie française de l’opération Inherent Resolve, destinée à enrayer la résurgence de l’État islamique (ISIS).
Les militaires français ont déjà fait remarquer que l’interception et la surveillance de leurs activités par les forces russes ont un effet restrictif sur l’opération. Selon un rapport parlementaire français publié le 17 février 2022, les forces russes constituent « un véritable défi » pour le déploiement français. Si le rapport note que ces interactions ont jusqu’à présent revêtu un caractère « professionnel », cela n’a pas toujours été le cas lors des interactions antérieures des alliés de la France – principalement le Royaume-Uni et les États-Unis – avec les forces russes.
Alors que les militaires français ont présenté l’interception du Tu-22M et de ses chasseurs d’escorte comme une mission régulière, les médias russes ont publié une interprétation différente des événements.
Le 20 février 2022, le site d’information aéronautique russe Avia.pro a publié un article intitulé « Les chasseurs français ont tenté d’intercepter les bombardiers russes Tu-22M3 ». Selon l’article, « Un groupe de chasseurs français provenant d’un porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a tenté de mettre en scène une provocation et d’intercepter les bombardiers stratégiques russes Tu-22M3 qui survolaient la mer Méditerranée avec un armement de missiles anti-navires Kh-32. »
Avia.pro affirme que les chasseurs Su-35S sont restés invisibles aux jets français car les appareils russes « ont pu utiliser leurs systèmes de guerre électronique ou rester cachés derrière les bombardiers. » Dès que l’escorte a été identifiée visuellement, les pilotes français « ont refusé de s’approcher », affirme l’article.
Avia.pro ne donne pas la source de l’information, mais sa version des événements a été largement relayée par les médias russes, certains ajoutant des détails comme le fait que les pilotes français auraient « violé une loi internationale » en tentant d’intercepter le bombardier et que les avions russes auraient complètement désactivé les systèmes électroniques des avions français.
Les affrontements entre les forces russes et françaises sont devenus de plus en plus fréquents avec la montée des tensions en Ukraine. En décembre 2021, à plusieurs reprises, des avions français ont été interceptés par des chasseurs russes alors qu’ils effectuaient des missions d’observation au-dessus de la mer Noire.
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