Le groupe italien Leonardo dévoile « Michelangelo Dome », un système intégré de défense aérienne, multi-domaine, destiné à neutraliser drones, missiles hypersoniques et menaces modernes.
En résumé
Leonardo lance « Michelangelo Dome » : une architecture de défense aérienne de nouvelle génération, modulaire, interopérable et pilotée par intelligence artificielle. Ce système vise à protéger des infrastructures critiques — villes, ports, aéroports, installations stratégiques — contre des menaces actuelles et futures : missiles hypersoniques, drones en essaim, attaques coordonnées, cyberattaques. L’idée est de créer un « bouclier » multi-domaine susceptible de détecter, suivre et intercepter des menaces aériennes, maritimes, voire spatiales, tout en coordonnant en temps réel des capteurs et des effecteurs disparates (air, mer, terre, espace). Michelangelo Dome devrait être opérationnel à plein régime d’ici 2028. Sa modularité et son respect des standards de l’OTAN permettent d’envisager une adoption par plusieurs pays européens.
Le concept Michelangelo Dome
Le 27 novembre 2025, Leonardo a officiellement présenté « Michelangelo Dome » lors d’une conférence à Rome. Le projet est décrit comme un système intégré de défense globale : ce n’est pas un simple missile, radar ou radar-sol, mais une architecture complète, qui combine capteurs terrestres, navals, aériens et spatiaux, plateformes cyber-défense, systèmes de commandement-contrôle, intelligence artificielle, et des effecteurs capables d’intercepter des menaces.
L’ambition est élevée : il s’agit de passer d’un modèle de défense cloisonnée (radars, SAM, artillerie, PATRIOT, etc.) à un modèle holistique, capable de traiter simultanément des menaces multiples, disparates, et de coordonner les réponses en quelques secondes. Le nom « Dome » évoque l’idée d’un dôme protecteur — un écran défensif couvrant un territoire ou un ensemble de sites.
Le système est modulaire et ouvert : il peut s’intégrer avec les équipements existants d’un pays — radars, lanceurs, intercepteurs, satellites — et respecter les standards de l’OTAN.
Les menaces visées et l’évolution du contexte stratégique
Le lancement de Michelangelo Dome répond à une intensification des menaces. Parmi celles-ci :
- les missiles hypersoniques, capables de frapper très rapidement après lancement, rendant la réaction traditionnelle obsolète ;
- les essaims de drones — nombre croissant de drones, parfois petits, peu coûteux, lancés massivement pour saturer les défenses ;
- les frappes combinées — missiles, drones, attaques cyber — visant des infrastructures civiles ou militaires sensibles (énergie, aéroports, ports, centres urbains) ;
- les attaques navales ou sous-marines, dans un contexte où les zones côtières et les ports sont particulièrement vulnérables.
Selon Leonardo, les menaces évoluent trop vite pour être contrées par des chaînes de décision traditionnelles. La détection, la décision et l’engagement doivent être automatisés, voire anticipés, pour neutraliser des missiles ou drones volant à très haute vitesse, ou des attaques coordonnées utilisant divers vecteurs.
Les technologies au cœur du système
Fusion de capteurs multi-domaine et IA
Michelangelo Dome se base sur la fusion de données provenant de capteurs terrestres, navals, aériens et spatiaux. Des satellites — en orbite ou en constellation — peuvent détecter les signatures thermiques ou radar de missiles en vol, des radars maritimes ou côtiers assurent la veille des approches navales, des capteurs cyber surveillent des menaces numériques, tandis que des capteurs au sol ou dans les airs surveillent l’espace aérien proche. Ces données sont agrégées au sein d’un système de commandement-contrôle unique.
Une couche d’intelligence artificielle joue un rôle central. Elle analyse en temps réel les données, anticipe les trajectoires, identifie des menaces émergentes, priorise les cibles, puis déclenche automatiquement des effecteurs (missiles, drones intercepteurs, contre-mesures) selon la nature de la menace. Ce recours à l’IA réduit les délais de décision et rend possible une réaction face à des menaces ultra-rapides comme les missiles hypersoniques.
Architecture ouverte et interopérabilité
L’un des atouts revendiqués de Michelangelo Dome est son interopérabilité. Le système n’est pas verrouillé sur des équipements spécifiques. Un pays disposant de missiles sol-air, de radars, ou de satellites peut les intégrer à la structure. Cette approche modulaire et flexible le rend potentiellement attractif pour des États ayant des arsenaux hétérogènes ou limités.
Ce caractère ouvert facilite aussi la coopération européenne et l’intégration dans des initiatives multinationales de défense, sans exiger des investissements homogènes et coûteux par chaque pays.
Couverture multi-domaine
Michelangelo ne se limite pas à la défense aérienne classique. Il vise à offrir une couverture multi-domaine : air, mer, terre, espace, cyberspace. Cette dimension est cruciale pour répondre à la nature hybride et polyforme des menaces actuelles : missiles, drones, attaques navales, cyberattaques, etc.
Cela signifie que Michelangelo peut, par exemple, coupler des radars côtiers, des satellites d’alerte, des effecteurs navals, des intercepteurs sol-air, et des systèmes cyber-défensifs, dans une réponse coordonnée et centralisée.

Les avancées concrètes et le calendrier
Leonardo indique que le projet entre dans une phase active de développement. Le système a été présenté publiquement le 27 novembre 2025 à Rome.
Le groupe affirme avoir les capacités industrielles et technologiques pour mener le projet : capteurs, effecteurs, commandement, IA, infrastructures cyber, mise en réseau multisectorielle.
L’objectif est clair : rendre Michelangelo Dome entièrement opérationnel d’ici 2028. Ce calendrier prévoit la mise en place progressive des composantes : capteurs spatiaux, lancer des effecteurs, intégrations nationales, tests, certification.
D’ores et déjà, certaines capacités de défense intégrée de Leonardo ont été démontrées publiquement dans le cadre d’exercices alliés. Par exemple, lors de l’exercice Formidable Shield 2025 (mer du Nord, mai 2025), la marine italienne a déployé des systèmes de défense aérienne et anti-missiles basés sur des technologies Leonardo, confirmant leur capacité à fonctionner en mode multi-plateforme.
Les impacts attendus pour l’Europe et la défense collective
Vers une autonomie stratégique européenne
Avec Michelangelo Dome, l’Italie affirme son ambition de proposer une solution européenne de défense contre les menaces modernes. En s’appuyant sur des technologies nationales, modulaires et compatibles OTAN, elle vise à contribuer à l’autonomie stratégique du continent.
Ce type de système pourrait permettre à des États dépourvus de forces aériennes avancées ou de systèmes sol-air coûteux de se doter d’une protection efficace, par simple intégration dans un réseau pan-européen.
Une réponse aux défis de la guerre moderne
Face à l’explosion des technologies de drone, au retour des menaces hypersoniques, et à la multiplication des vecteurs d’attaque — missiles, cyberattaques, drones, menaces maritimes — Michelangelo Dome représente un changement de paradigme : ce n’est plus un système cloisonné mais une plateforme de défense dynamique, réactive, connectée.
Elle offre la possibilité d’anticiper les menaces, de répartir les effecteurs de manière optimale, et de répondre à des attaques massives coordonnées. Pour les États vulnérables ou les infrastructures stratégiques, cela pourrait changer la donne.
Un accélérateur de coopération européenne
Le caractère ouvert et interopérable du système en fait une base potentielle pour une défense aérienne paneuropéenne. Dans un contexte où l’European Sky Shield Initiative (ESSI) ou d’autres projets de défense collective progressent, Michelangelo pourrait servir de colonne vertébrale industrielle et technique.
Cela pousse les États à envisager non plus des achats isolés, mais des architectures partagées, avec des responsabilités réparties, des standardisations technologie-interopérabilité, et des synergies budgétaires.
Les limites, défis et interrogations
Malgré ses promesses, Michelangelo Dome ne constitue pas une panacée immédiate. Plusieurs défis restent à relever :
- La mise en œuvre complète dépend de l’installation d’une constellation de capteurs, radars, satellites et effecteurs — un processus long, coûteux et complexe.
- L’efficacité réelle face à des menaces multiples et coordonnées — essaims massifs de drones + missiles hypersoniques + cyberattaques combinées — devra être validée en exercice ou en conditions réelles.
- L’interopérabilité malgré l’ouverture peut poser des problèmes : chaque pays a des systèmes, des doctrines, des règles d’engagement différentes. Harmoniser tout cela n’est pas trivial.
- Le recours à l’intelligence artificielle pour la décision en temps réel pose des questions de souveraineté, de fiabilité, de contrôle et de responsabilité. Les délais de réaction sont courts, mais la marge d’erreur doit rester très faible.
- Enfin, le coût global — développement, déploiement, maintenance — reste élevé. Tous les États n’auront pas les moyens de participer, ce qui peut creuser des fractures au sein de l’Europe.
Vers un nouvel âge de la défense européenne
Michelangelo Dome incarne la volonté de repenser la défense aérienne au XXIᵉ siècle : un bouclier global, connecté, multi-domaine, capable de répondre à des menaces variées et complexes. Pour l’instant, c’est un projet — ambitieux, crédible — qui mise sur l’innovation, la technologie et la coopération.
Si l’Europe sait tirer parti de cette architecture — en mutualisant moyens et doctrine, en investissant dans la recherche et en assurant la souveraineté des systèmes — Michelangelo pourrait poser les bases d’un véritable bouclier européen. Sinon, il restera un concept prometteur parmi d’autres.
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