Dans les années 1950, la marine américaine a étudié le « Diamondback », un missile air-air nucléaire dérivé du Sidewinder, doté d’une propulsion liquide et d’un système de guidage bimode.

Au milieu des années 1950, la marine américaine a initié le projet « Diamondback », visant à développer un missile air-air à tête nucléaire dérivé du Sidewinder. Ce missile devait être équipé d’une propulsion à carburant liquide et d’un système de guidage bimode, combinant un chercheur infrarouge et un guidage radar passif. Malgré des avancées notables, le projet a été abandonné à la fin des années 1950, la marine préférant d’autres solutions pour la défense aérienne.

Origine du projet « Diamondback »

En 1956, le Naval Ordnance Test Station (NOTS) de China Lake, Californie, a lancé des études pour améliorer le missile air-air AAM-N-7, connu sous le nom de Sidewinder. L’objectif était de créer une version à plus longue portée et à capacité nucléaire, initialement appelée « Super Sidewinder », puis rebaptisée « Diamondback » en référence à une espèce de serpent à sonnette, suivant la tradition de nommer les missiles après des vipères.

Le projet avorté du missile air-air nucléaire "Diamondback" de la marine américaine

Caractéristiques techniques prévues

Le « Diamondback » devait mesurer 3,75 mètres de longueur, avec un diamètre de 30 centimètres et une envergure de 1 mètre. Son poids était estimé à 385 kilogrammes. La propulsion envisagée était un moteur-fusée à carburant liquide à double impulsion, dérivé du projet Liquid Propellant Aircraft Rocket (LAR) du NOTS. Ce type de propulsion, utilisant un mélange hypergolique de RFNA et d’hydrazine, devait permettre au missile d’atteindre une vitesse supérieure à Mach 3 (soit plus de 3 675 km/h) et une portée comprise entre 24 et 32 kilomètres. Le plafond opérationnel était estimé à 24 000 mètres, bien au-delà de l’altitude de vol des avions de l’époque.

Système de guidage innovant

Le « Diamondback » devait être équipé d’un système de guidage bimode, combinant un chercheur infrarouge et un guidage radar passif. Cette approche visait à améliorer la probabilité de destruction de la cible en permettant au missile de poursuivre sa cible même si l’un des systèmes de guidage échouait. À cette époque, les missiles air-air utilisaient généralement un seul mode de guidage, ce qui rendait cette double approche particulièrement innovante.

Armement nucléaire envisagé

Parmi les options d’armement, une tête nucléaire à faible rendement de 0,75 kilotonne a été envisagée pour le « Diamondback ». Cette approche s’inscrivait dans la doctrine de l’époque, qui considérait les armes nucléaires comme une solution efficace pour neutraliser des formations de bombardiers ennemis. D’autres missiles air-air nucléaires, comme le GAR-11 (plus tard AIM-26A « Nuclear Falcon ») de l’US Air Force, ont également été développés dans cette optique.

Abandon du projet et conséquences

Malgré des avancées significatives, le projet « Diamondback » a été abandonné vers 1958. La marine américaine a estimé que le missile ne correspondait pas à ses besoins opérationnels, préférant se concentrer sur d’autres systèmes de défense aérienne. Cette décision a conduit au développement ultérieur de missiles à plus longue portée, comme l’AIM-54 Phoenix, qui a équipé le F-14 Tomcat et est devenu un pilier de la défense aérienne de la flotte pendant de nombreuses années.

Le projet avorté du missile air-air nucléaire "Diamondback" de la marine américaine

Héritage du « Diamondback »

Bien que le « Diamondback » n’ait jamais été mis en service, il représente une étape importante dans l’évolution des missiles air-air à longue portée. Les concepts explorés, tels que la propulsion à double impulsion et le guidage bimode, ont influencé les développements ultérieurs dans le domaine des missiles. Aujourd’hui, la marine américaine continue de rechercher des solutions pour contrer les menaces aériennes à longue portée, avec des projets comme l’AIM-174B, une variante air-sol du missile SM-6, conçue pour répondre aux défis posés par des adversaires potentiels comme la Chine.

Le projet « Diamondback » illustre les efforts d’innovation technologique de la marine américaine dans les années 1950 pour améliorer ses capacités de défense aérienne. Bien que le missile n’ait jamais été déployé, les leçons tirées de son développement ont contribué à façonner les stratégies et les technologies de défense aérienne des décennies suivantes.

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