Contrat de modernisation de 11 milliards € pour le F‑22 Ranger, couvrant capteurs, armements, architecture ouverte et longévité opérationnelle.
Le F‑22 Raptor reste une pièce centrale des capacités de supériorité aérienne américaine. En 2021, l’US Air Force a signé avec Lockheed Martin un contrat de modernisation d’environ 10,9 milliards USD, soit environ 11 milliards €, destiné à soutenir et à renforcer cet appareil jusqu’en 2031. Baptisé Advanced Raptor Enhancement and Sustainment (ARES), ce programme couvre à la fois des opérations de maintenance, des évolutions technologiques ciblées et le déploiement de nouveaux équipements. Il vise à prolonger la pertinence du F‑22 au-delà de 2030, en maintenant un avantage tactique face à des menaces émergentes.
Le contrat et ses ambitions techniques
Depuis 2021, les États‑Unis ont engagé près de 11 milliards USD (≈ 11 milliards €) pour moderniser le Raptor via le programme ARES. Il s’agit d’un contrat indéterminé en volume et en durée (indefinite-delivery, indefinite-quantity), planifié jusqu’à fin octobre 2031. La valeur du programme englobe à la fois des services logistiques, des kits de modernisation et des mises à niveau technologiques. Cette enveloppe financière s’inscrit dans une stratégie visant à prolonger la durée de vie du F‑22, tout en lui apportant les moyens de rester performant dans un contexte de concurrence internationale accrue. Face aux progrès des armées de l’air chinoise ou russe, ce financement permet à l’appareil de conserver un avantage sensoriel et opérationnel.
Les mises à jour technologiques majeures
Les modernisations s’appuient sur une architecture ouverte modulaire (MOSA), inaugurée dès 2021. Le F‑22 reçoit ainsi des ordinateurs de mission de type COTS (Commercial‑off‑the‑shelf) adaptés aux environnements militaires, permettant des mises à jour plus fréquentes, réactives et moins dépendantes de cycles classiques « waterfall ». On y ajoute des systèmes de guerre électronique, l’intégration d’AIM‑9X et AIM‑120D, ainsi que des liaisons de données Link 16 et des fonctions d’identification mode 5. À cela s’ajoutent des capteurs IRST tous azimuts, une architecture MW‑JTRS, ainsi que la capacité de fonctionner avec des drones fidèles (loyal wingmen) dans un contexte managé par MOSA. Les tests en vol du missile AIM‑260 JATM, appelé à renforcer la capacité air‑air à longue portée, sont bien engagés depuis 2023‑2024.
Les enjeux stratégiques et opérationnels
Le programme ARES répond à un impératif clair : maintenir la supériorité aérienne même avec le futur NGAD (Next Generation Air Dominance) encore en développement. Le F‑22 ainsi modernisé joue désormais un rôle de pivot intermédiaire, entre les flottes existantes et l’entrée en service du NGAD – un système d’armes complet de sixième génération qui associera des avions pilotés et des drones coopérants. Or, ce programme NGAD fait face à des pressions budgétaires, avec des propositions de réduction d’effectifs, de réorientation vers des drones ou de simplification des plateformes. Dans ce contexte, maintenir le F‑22 opérationnel constitue un élément de réassurance stratégique, garantissant une capacité de réaction immédiate et robuste face à des scénarios de haute intensité.
Reflets politiques et prospective industrielle
En mai 2025, des déclarations politiques ont ravivé le débat. Le président Trump a annoncé un projet d’« F‑22 Super », version très modernisée du Raptor, sans en préciser le contenu. Il a souligné que même si l’appareil ne figure pas dans le plan de long terme de l’USAF, une modernisation spectaculaire pourrait s’imposer. Parallèlement, il a confirmé le remplacement programmé par le F‑47, la plate‑forme NGAD choisie pour succéder au Raptor. Ce double discours expose une tension : entre maintien d’un atout technologique existant et pari sur l’avenir. Pour Lockheed Martin, ce contrat de modernisation garantit une forte activité industrielle jusqu’à 2031. En parallèle, Boeing incarne l’avenir possible, via le programme NGAD et la filière F‑47.
Ce programme de près de 11 milliards € est moins glamour qu’un remplaçant flambant neuf, mais plus pragmatique. Il prolonge la durée opérationnelle d’un avion nécessaire, souvent sous-estimé dans les cycles courts des budgets de défense. L’objectif est clair : préserver une capacité réelle de supériorité aérienne tant que la prochaine génération n’est pas prête. Cela évite un trou stratégique coûteux en expertise, en formation et en crédibilité. L’industrie aéronautique en profite, certes. Mais l’armée, elle, garde un outil fiable, modulaire et capable d’évoluer avec son temps.
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