L’US Air Force intègre le F‑15EX, doté du radar AN/APG‑82(V)1 et du pod Legion, face aux défis budgétaires du programme NGAD.
L’US Air Force poursuit l’intégration du F‑15EX Eagle II, un avion de 4,5e génération conçu pour renforcer les capacités aériennes aux côtés des F‑22 et F‑35. Entré en service en juillet 2024, le F‑15EX combine une cellule éprouvée, un radar AESA AN/APG‑82(V)1, un pod infrarouge Legion IRST21, et le système de guerre électronique EPAWSS. Présenté comme une solution rapide et économique, il permet à l’USAF d’aligner un appareil puissant là où la discrétion absolue n’est pas impérative. Parallèlement, des messages sur X soulignent les coûts gigantesques du programme Next Generation Air Dominance (NGAD) — appelé F‑47 — destiné à remplacer le F‑22. Le débat oppose partisans d’un système furtif coûteux et ceux qui estiment que le F‑15EX offre un rapport performance/prix plus réaliste à court et moyen terme. Cet article détaillera l’équipement technique du F‑15EX, son rôle opérationnel, son positionnement stratégique dans la flotte américaine et la controverse budgétaire liée au NGAD face à la montée du J‑20 chinois.
La configuration technique du F‑15EX Eagle II
Le F‑15EX repose sur la version Advanced Eagle, dérivée du F‑15E Strike Eagle. Construit à partir d’une cellule modernisée, il bénéficie d’une durée de vie estimée à 20 000 heures de vol, et d’un système de commandes fly-by-wire. Il est équipé du radar AN/APG‑82(V)1, une antenne AESA issue du croisement de l’APG‑63(V)3 et du processeur de l’APG‑79, avec un filtrage RF adaptable et un refroidissement optimisé. Ce radar offre une détection longue portée, un suivi simultané multiple et une capacité de guerre électronique intégrée en lien avec l’EPAWSS à architecture numérique .
Le pod infrarouge Legion IRST21 permet une détection passive des menaces basse visibilité, notamment des furtifs comme le J‑20. L’avion peut emporter jusqu’à 12 missiles air-air AIM‑120 AMRAAM ou AIM‑9 Sidewinder, et des armes air-sol lourdes comme le AGM‑158 JASSM ou le AGM‑183 ARRW, en configuration interne ou externe selon la mission .
Les moteurs restent les General Electric F110‑GE‑129, adaptés à ce modèle avec une forte poussée combinée à une robustesse éprouvée. Grâce aux investissements étrangers — environ 5 milliards de dollars engagés par Qatar et Arabie Saoudite pour couvrir les coûts de développement — le F‑15EX présente un coût unitaire estimé à 94 millions de dollars ou environ 86 millions d’euros pour un achat initial de 104 avions .
Le rôle opérationnel du F‑15EX dans la flotte USAF
Livré pour la première fois en mars 2021 à la base d’Eglin en Floride, l’appareil a atteint son seuil de capacité opérationnelle en juillet 2024 au sein de l’Air National Guard de l’Oregon . Le programme prévoit une flotte finale de 129 exemplaires, avec un budget de 3 milliards de dollars en 2026 pour poursuivre les livraisons et la formation.
Le F‑15EX remplace progressivement les F‑15C/D de la Garde nationale, notamment en Californie et Louisiane, tout en assumant des missions de défense aérienne du territoire national et d’appui à des opérations hors zone contestée. Il complète le F‑22 et le F‑35 dans les missions où la furtivité n’est pas critique — comme les frappes de saturation ou le déploiement de munitions lourdes stand-off .
Sa capacité d’emport atteignant 13 tonnes, soit le double de celle du F‑35, associée à un rayon d’action d’environ 1 300 kilomètres, fait de lui un atout pour les frappes à distance ou la protection aérienne.
Les défis budgétaires liés au NGAD et le débat stratégique
Le programme NGAD, ou F‑47, a déjà reçu plus de 5,1 milliards de dollars entre 2022 et 2024, et près de 2,75 milliards en 2025 pour se poursuivre jusqu’en 2029. Le coût unitaire estimé du futur aéronef serait de 300 millions de dollars, voire plus selon l’amortissement des équipements et l’industrialisation à petite échelle.
Des voix se font entendre sur X pour critiquer cette allocation massive, soulignant que l’USAF ne pourra pas financer simultanément NGAD, F‑35, F‑15EX et autres programmes dans un contexte de réduction de la taille de sa flotte (sous les 5 000 avions d’ici 2025). Le F‑15EX apparaît alors comme un choix pragmatique : moins cher, disponible rapidement, et utile pour des missions spécifiques face à la montée en puissance des avions chinois comme le J‑20.
Ce débat reflète une tension entre innovation ultra‑coûteuse et solutions éprouvées mais modernisées. Le F‑15EX représente un compromis intermédiaire, permettant de renforcer la puissance aérienne immédiatement tout en préparant l’arrivée du NGAD via une flotte de drones autonomes (CCA) en rapport estimé de deux drones pour un chasseur manned.
Le positionnement stratégique face à la montée du J‑20 chinois
Face au développement accéléré du Chengdu J‑20, avion de 5e génération chinois, le F‑15EX assure un complémentaire vulnérable moins direct mais efficace dans les missions de suppression ou de défense aérienne dans des zones moins saturées. Son radar AESA, son IRST passif et sa capacité à transporter des munitions lourdes lui confèrent un avantage dans les engagements avec des menaces plus classiques ou des sanctions à long rayon d’action.
Il ne vise pas à concurrencer le J‑20 en furtivité, mais à offrir une robustesse opérationnelle dans un contexte budgétaire et technique contraint. Ce positionnement pragmatique permet aux États-Unis de maintenir une supériorité adaptée, sans attendre l’entrée en service de la 6e génération. Cela rassure certains alliés et utilisateurs potentiels du F‑35 qui pourraient aussi choisir le F‑15EX comme système complémentaire à bon rapport coût/efficacité.
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